Un beau pays peuplé de nouilles – Oliver MASSON

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Un beau pays peuplé de nouilles – Oliver MASSON


ENCORE

 


Lorsque l’on m’a proposé d’être le correspondant canadien de la revue Sygne, c’est avec honneur que j’ai accepté de figurer sur son Ours. Bien! Pourtant, au moment d’écrire ma première contribution, j’éprouvai un certain embarras devant la tâche que je m’imaginais tenu d’accomplir. En quel nom, moi, Olivier Masson, pouvais-je bien parler au nom de la psychanalyse au Canada? Qu’on ait pu m’attribuer ce rôle me semblait relever d’une erreur de distribution.

 

Contrairement à ce que, d’entrée de jeu, j’avais pu m’imaginer, nulle erreur sur la personne n’avait été commise. C’était plutôt d’une faute d’interprétation dont il était question. En réalité, nul – autre que moi – ne m’avait chargé de représenter la psychanalyse au Canada. Dans les faits, tout ce qu’on m’avait demandé de faire était de donner des nouvelles du Canada. En somme, de jouer le rôle d’un correspondant, au sens épistolier, j’entends. Bon! Voilà, me dis-je, une place qui me sied bien mieux et avec laquelle je peux composer.

 

Ce n’est donc pas au nom de la psychanalyse au Canada que je parlerai ici, mais en mon nom propre, celui d’un Québécois[1] candidat au doctorat en cotutelle au Département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal et à l’École Doctorale de Recherches en Psychanalyse et Psychopathologie de Paris Diderot Paris 7. Pour éviter tout malentendu, je dirai qu’à ce point ce à quoi le lecteur peut s’attendre dans ce premier article du correspondant canadien pour la revue Sygne c’est à un doctorant québécois étudiant en psychanalyse analysant un phénomène social québécois à partir de la psychanalyse. Voilà!

 

Cette première contribution tire son origine de la présentation le 10 novembre 2015 de la pièce de théâtre La divine illusion[2] inspirée par les déclarations-chocs faites par l’actrice Sarah Bernhardt, en 1905, lors de son unique passage dans la ville de Québec. De cette pièce, je dirai simplement qu’elle montre que bien qu’il s’agisse d’un événement ayant eu lieu il y a plus de cent ans, il marque encore suffisamment les esprits d’aujourd’hui pour faire l’objet d’une pièce de théâtre, candidate au prestigieux prix du gouverneur général du Canada. Autrement, c’est sur l’événement historique que portera ma réflexion.

 

Au cours de son séjour à Québec, Bernhardt, dont le répertoire était jugé contraire aux bonnes mœurs par le clergé catholique de la ville, s’adressa à la population dans un entretien accordé à la presse. Si cette critique de la part des institutions religieuses n’avait rien d’extraordinaire, du moins en Amérique du Nord, elle eut à Québec une portée plus grande qu’ailleurs. Tout semble indiquer que l’interdit religieux pesant sur les pièces du répertoire interprété par la divine allait être respecté par les fidèles de Québec, du moins par les plus pieux d’entre eux. On peut s’imaginer que devant le risque de voir son public diminuer et avec lui le montant de ses recettes ou tout simplement par passion pour le scandale, l’actrice s’adressa par le biais des journalistes à son public. Dans ce discours enflammé, Bernhardt, fulminant contre la docilité des spectateurs se soumettant à la volonté sacerdotale, affirma qu’il n’y avait pas d’hommes au Québec.

 

Soixante-cinq ans plus tard, Michel Tremblay, écrivain de théâtre ayant eu une importance considérable dans le développement de la culture québécoise moderne, lors d’une entrevue dans une revue littéraire pose le même constat. En 1971, questionné au sujet de la place qu’il accordait aux personnages masculins dans ses pièces, Tremblay affirme : « L’homme est une nouille. Il n’y a pas d’homme au Québec. Tout le monde le sait. »[3] Phrase, dit-on, qu’il aurait « répétée à satiété dans les années soixante-dix »[4].

 

À lire ces deux histoires l’une à la suite de l’autre, on ne peut qu’être étonné par la similitude entre ces deux énoncés. Étrange proposition démographique s’il en est. D’autant plus qu’elle vient d’une actrice et d’un auteur de théâtre! Une société sans hommes, et puis quoi encore ? Peut-être à Gomorrhe, mais en Amérique du Nord ? Certainement pas! Mais comment expliquer qu’une comédienne française et un écrivain homosexuel, à 65 ans d’écart, dans des contextes historiques différents, puissent dire de telles bêtises ? On m’excusera ce soudain accès d’humeur. Je m’emporte. Il n’y a pas là de quoi faire tout un drame.

 

Je reprends. Bon, d’accord, « il n’y a pas d’homme au Québec ». La proposition est simple, mais quel sens peut-elle bien avoir ? Pour répondre à cette question, il faudrait d’abord savoir à quoi, au juste, renvoie le signifiant homme dans cet énoncé. On sait que, synchroniquement parlant, « [l]a parole n’a jamais un seul sens, le mot un seul emploi. »[5] D’autant plus que, d’un point vu diachronique, « [s]ous les mêmes signifiants, il y a au cours des âges, ces glissements de signification qui prouvent qu’on ne peut pas établir de correspondance biunivoque entre les deux systèmes »[6], soit entre ceux du signifiant et du signifié. Dans ce contexte, est-il même fondé de penser que dans ces deux contextes d’énonciation le signifiant homme puisse renvoyer au même signifié ?

 

C’est donc à ces questions que se consacrera ce texte. Il s’agira d’appliquer l’anthropologie psychanalytique à un cas particulier, la société du Québec dite distincte. On comprendra que le choix de ce cas n’est pas indu. La période ici couverte, de la déclaration de Bernhardt en 1905 à la mise en scène de celle-ci au théâtre en 2015 par Bouchard en passant par sa répétition par Tremblay en 1971, couvre, à quelques années près, l’histoire du développement de la psychanalyse au Canada qui commence en 1908 avec l’arrivée à Toronto d’Ernest Jones. Bien que cet événement n’ait pas de lien direct avec celle-ci, il n’en demeure pas moins qu’il se présente comme un moyen d’introduire de biais le lecteur au contexte socio-politico-religieux dans lequel la psychanalyse s’est développée dans le pays pour lequel je suis le correspondant.

 

 

Bernhardt à Québec

 

 

Un peu d’histoire. En 1905, dans le cadre de sa cinquième tournée nord-américaine, Sarah Bernhardt séjourna pour la première et dernière fois dans la ville de Québec pour y présenter une série de spectacles. Durant son passage dans la vielle capitale, du 3 au 5 décembre, elle y interprètera Angelo, tyran de Padoue, La Dame aux camélias et une version de la pièce, remaniée par l’actrice elle-même, d’Adrienne Lecouvreur.

 

Déjà, lors du premier séjour de l’actrice dans la province, en 1880, à Montréal, la représentation de ces deux dernières pièces en plus de Froufrou et d’Hernani avait suscité un certain émoi dans la société québécoise. Il faut mentionner que Bernhardt était alors la première actrice francophone de renommée internationale à monter sur la scène d’un théâtre de « la belle province ».

 

Lors de cette première visite, le clergé de l’époque, en la personne de Mgr Edouard-Charles Fabre, évêque de Montréal, dans une lettre publiée dans la presse montréalaise, avait alors dénoncé l’immoralité du répertoire interprété par l’actrice[7]. Selon les recommandations de son Excellence, tout bon catholique devait s’abstenir d’assister à ces pièces jugées contraires aux bonnes mœurs. En dépit du mandement épiscopal, les Montréalais, anglophones comme francophones, le soir venu, se présentèrent en grand nombre pour voir la divine s’exécuter sur scène.[8]

 

En somme, en 1880, l’effet qu’eut sur Montréal la visite de Bernhardt ne différa pas de celui qu’elle eut dans les autres grandes villes américaines. Partout où s’affichait la divine, le clergé, protestant ou catholique, l’accueillait sans ménagement. Si différence il y a, elle se loge dans le fait que les clergés d’ailleurs jetaient leur opprobre sur l’immoralité de l’actrice, mère aux mœurs légères d’un enfant illégitime[9], là où le jugement de Mgr Fabre, qui ne mentionne nulle part dans sa critique le nom de l’actrice, ne porte pas sur la vie personnelle de Bernhardt, mais sur l’immoralité du théâtre de France, pays républicain et anticlérical. Tout compte fait, l’agitation que connut Montréal en 1880 à la venue de Bernhardt était bien faible en regard du scandale qui éclata 25 ans plus tard au passage de l’actrice dans la ville de Québec.

 

Le 3 décembre 1905, après une semaine de représentations à guichets fermés, marquant pour l’époque le plus grand succès financier dans l’histoire du théâtre montréalais,[10] Sarah Bernhardt arrive à Québec dans un contexte plutôt tendu. L’enthousiasme des amateurs d’art dramatique était à son comble. L’actrice lors de ses derniers séjours au Canada avait ignoré la capitale nationale. Fier de sa nouvelle salle de théâtre dont la ville s’était dotée en 1903, Québec avait désormais un lieu « digne de la recevoir »[11]. Vingt-cinq ans après le premier séjour de l’actrice sur le continent, Québec se voyait finalement convié « à un de ces festins de l’art dont elle [Bernhardt] s’est faite, partout dans les deux Amériques, la gracieuse dispensatrice »[12]. Pour Québec, accueillir la divine dans son enceinte représentait l’inscription de la ville dans le réseau mondial des échanges des biens artistiques.

 

Plus d’une semaine avant l’arrivée de l’actrice, le quotidien L’Événement atteste l’excitation des citadins. On mentionne alors « [l]’intérêt palpitant causé par la venue prochaine de madame Sarah Bernhardt » et l’explique par le fait que la venue « de la plus grande actrice du monde » représente « l’événement le plus important de l’histoire théâtrale de [la ville de] Québec »[13] . Le Soleil, autre quotidien important de la ville, prédira pour sa part que Bernhardt « laissera en partant d’infinis regrets et d’agréables souvenirs »[14]. D’infinis regrets, certes; d’agréables souvenirs, on repassera.

 

En parallèle à ces élans d’enthousiasme des amateurs de théâtre précédant la venue de la comédienne à Québec, comme ailleurs en Amérique, on assiste, dans les journaux et les églises, à de vives protestations de la part du clergé de la ville. Le « mauvais théâtre », soit le répertoire immoral tel que décrié à Montréal par Mgr Fabre en 1880 et son successeur, Mgr Bruchési, fut l’objet de vives critiques dans les sermons des curés de la ville.[15]

 

Là où, à Montréal, la condamnation par le clergé du répertoire présentée n’eut pas de véritable effet dans l’assistance, à Québec l’intervention cléricale eu un effet palpable sur le public. En ce sens, « In Quebec city Archbishop Begin’s words carried more weight than Bruchési’s. »[16] Comme le rapporte L’Événement, à Québec, la dénonciation par les membres du clergé « a certainement produit beaucoup d’effets, car nombre de personnes ont résolu de ne pas utiliser les billets qu’elles avaient achetés pour les représentations de Sarah Bernhardt »[17]. Bien qu’au soir de la première représentation la salle fût loin d’être vide, il n’en reste pas moins que « A certain number of prominent French citizens did refrain from seeing Bernhardt perform »[18].

 

C’est dans ce contexte que le 4 décembre 1905 après la représentation de La Dame aux camélias, Bernhardt accepta de donner une entrevue aux journalistes de la ville de Québec. C’est « d’un pas nerveux et d’une démarche affectée »[19], dit-on, qu’elle fit son entrée dans l’appartement du Château Frontenac où on l’attendait. Lors de cet entretien, l’actrice fit une série de déclarations incendiaires au sujet de la société canadienne-française[20] qui ne manqua pas de faire scandale dans la population. L’entretien avait pourtant débuté sur un ton tout à fait convenable. En prenant la parole, elle vanta la beauté de la ville de Québec et du Canada, insistant sur l’amour qu’elle avait pour ce pays : « Québec ah! oui, c’est une belle ville, très belle et le Canada aussi est un beau pays […] J’aime le Canada, c’est le plus beau pays que j’ai jamais vu. »[21] Pourtant, après ces quelques louanges, l’actrice, qui, à ce point, est dite « échauffée », « gesticulant beaucoup », empreinte d’une grande « excitation », affirme ne rien comprendre aux gens qui habitent le territoire de ce beau pays : « Je ne comprends rien à votre population. Vous avez des Canadiens-anglais, des Canadiens-irlandais, des Canadiens-français, des Canadiens-iroquois ! »[22] Parmi tous ces groupes culturels auxquels elle dit ne rien comprendre, elle fixe alors les Canadiens-français comme cible à sa diatribe : « mais voulez-vous me dire pourquoi vous vous appelez des Canadiens-français ! Des Français, vous autres ! Mais pourquoi ? Vous avez à peine une goutte de sang français dans les veines. »[23] Continuant sur sa la lancée, elle poursuivit son réquisitoire à l’endroit des Canadiens-français, avec, dit-on, « volubilité et une passion débordante » pour prendre à partie la culture canadienne-française : « Vous n’avez pas de peintres, vous n’avez pas de littérateurs, vous n’avez pas de sculpteurs, vous n’avez pas de poètes »[24]. Finalement, comble d’injure, elle conclut son envolée en ajoutant : « Mais sapristi, vous n’avez pas d’hommes, vous n’avez pas d’hommes ! »[25]

 

On comprendra qu’au lendemain de ces déclarations, alors que Bernhardt se dirigeait à la Gare de la ville, ses propos lui valurent un important attroupement de Canadiens-français, manifestement agacés par ses propos de la veille, la sifflant et l’injuriant. Cette démonstration publique fut d’une telle agitation qu’elle donna lieu, selon les dires de la comédienne, à des affrontements physiques. Incident qui lui méritera les excuses officielles du premier ministre du Canada de l’époque, sir Wilfrid Laurier. Dans sa traîne, la divine laissera à Québec un comité de censure mis sur pied par le clergé et bien des munitions aux Canadiens-anglais pour dénigrer la culture canadienne-française qui selon les dires d’un des symboles de l’art français, n’avait rien de très français. Bien des regrets, donc, et bien peu d’agréables souvenirs, soit.

 

L’homme est une nouille

 

 

Dans les années soixante, le Québec, comme bien d’autres endroits dans le monde, est en pleine ébullition. Dans la foulée des mouvements sociaux de contre-culture et de décolonisation qui affectent l’ordre mondial s’opère au Québec ce que l’on a appelé la Révolution tranquille. Depuis une dizaine d’années, on assiste à la « modernisation » de l’État québécois comme résultat des processus d’industrialisation et d’urbanisation enclenchés dans la province à la fin du 19e siècle. En quelques années naît au Québec l’État-providence qui marque du même coup la fin du cléricalisme dans le domaine social (éducation, santé et services sociaux). À ce processus de sécularisation s’ajoute la création d’appareils étatique d’intervention en matière d’économie et à la mise sur pied d’une politique culturelle québécoise, francophone.

 

Par la promotion de la population francophone comme « vecteur principal des transformations de la société québécoise »[26], ces politiques visent à remédier à la surreprésentation, pour ne pas dire la domination, de la communauté anglophone dans l’économie de la province. À cette époque, malgré la majorité francophone, « les sociétés anglophones et étrangères contrôlaient entre 62,5 et 93,5 % des secteurs clés de l’économie québécoise »[27]. À Montréal, par exemple, centre économique de la province, 80 % des postes de cadre étaient alors occupés par des anglophones, groupe linguistique qui ne constituait alors que 20 % de la population de la province.[28] Voilà en quelques lignes le résumé bien trop sommaire des dix années qui ont vu naître la société québécoise moderne.

 

Dans ce contexte, en 1968, à Montréal, le théâtre du Rideau Vert présente Les Belles-Sœurs, pièce écrite trois ans auparavant par un jeune auteur, Michel Tremblay. Encensée par certains et décriée par d’autres, cette pièce créa une véritable onde de choc dans la société québécoise. Certains comme Jean-Claude Germain y verront l’acte de naissance du théâtre québécois. D’autres, comme Jean Larose, y verront la consécration « du mauvais goût québécois »[29]. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette pièce aura fait parler d’elle. Inscrit, aujourd’hui encore, au programme des colléges en tant que « classique » du théâtre québécois, ce texte est étudié dès sa parution dans les écoles de la province par des dizaines de milliers d’étudiants.

 

On peut expliquer le retentissement qu’eut cette pièce dans la culture québécoise par sa dimension novatrice. D’une part, elle donne le coup d’envoi à un nouveau réalisme au théâtre québécois. Pour une première fois est représenté sur scène le milieu de la classe ouvrière francophone. De plus, elle met en scène une langue que l’on appelle le « joual », une forme théâtrale du parler populaire. Dernière nouveauté, Tremblay donne la parole aux femmes, chose inédite, c’est le cas de le dire, au théâtre québécois.

 

Dans Les Belles-Sœurs, quinze femmes prennent la parole sur scène pour dénoncer les misérables conditions de vie qui sont les leurs. Dans de longs monologues se succédant, ces personnages féminins, mères de famille, femmes au foyer ou serveuses de café crient leur révolte. L’objet de leur mépris et leur haine : leurs maris et pères de leurs enfants. Ces hommes sont présentés comme frustrés et abrutis, violeurs, oppresseurs, impuissants, absents.

 

Comme on n’a pas manqué de le remarquer, sur les cent-vingt personnages qui composent les Belles-Sœurs, la grande majorité est composée d’hommes. Personnages muets, pour la plupart, mais dont on parle abondamment. Hommes parlés et non parlants. Jusque dans les années quatre-vingts, ce sera la place réservée à l’homme dans l’œuvre de Tremblay.[30] De manière générale, il est communément admis que l’image de l’homme dépeinte par Tremblay à cette époque est représentative de celle que l’on retrouve dans le théâtre québécois dans lequel il « semble impossible de trouver d’autres types que l’incestueux, le quétaine, la bedaine de bière et l’épais muni d’un répertoire de jokes cochonnes. »[31]

 

Trois ans après la première représentation des Belles-Sœurs, Tremblay, qui compte déjà plusieurs pièces à son œuvre, dans un entretien avec la revue littéraire Nord, questionné au sujet de la place de l’homme dans son théâtre affirmera : « L’homme est une nouille. Il n’y a pas d’homme au Québec. Tout le monde le sait : je ne veux pas m’expliquer là-dessus. »[32] Quarante-cinq ans plus tard, je me saisis de cette absence d’explications pour tenter d’éclaircir le sens de cette proposition.

 

De l’homme au père

 

 

De prime abord, il semble assez clair que dans leur énoncé Bernhardt comme Tremblay ne parlent pas d’une réalité biologique ou démographique. Il y a bien eu, et ce depuis les premiers colons français débarqués en Nouvelle-France, des êtres humains de sexe mâle au Québec. Historiquement, au début de la colonie, ce qu’il manquait sur le territoire québécois, ce n’était pas des hommes, mais bien des femmes. Défaut que Louis XIV, en 1663, eut la bonté de corriger en envoyant à ses fils des colonies celles que l’on nomme les Filles du roi, qui, contrairement à la légende populaire, n’étaient pas des filles de joie, mais bien de chastes femmes plutôt éduquées. Si cet argument historique ne paraît pas suffisant, le suivant saura dissiper tout doute. Qu’une femme étrangère dise qu’il n’y a pas d’hommes sur une terre qu’elle visite est une chose, il en est une autre qu’un homme québécois attiré par les hommes comme Tremblay dise qu’il n’y a pas d’hommes au Québec. Cela suffit largement à prouver que ce dont il est question ici ce n’est pas qu’il y ait ou non des personnes de sexe masculin au Québec.

 

Si ce n’est pas à une réalité biologique que Bernhardt comme Tremblay se réfèrent, on peut alors se demander à quoi renvoie l’homme de leur énoncé. Le premier réflexe de plusieurs serait certainement d’en faire une question de genre. En Amérique du Nord, plus qu’ailleurs, les gender studies ont bien la cote. Dans cette perspective, on dira alors que ce à quoi l’homme renvoie est à une construction sociale du genre, un idéal de virilité, d’autorité et tout un ensemble de clichés. Il y a bien des arguments pour étayer cette interprétation. On peut imaginer Bernhardt, scandalisée par le pliement d’échine des Québécois devant l’Église, qui balance aux visages des Canadiens-français qu’il n’y a personne au Québec qui se tient debout pour faire face au pouvoir religieux. En d’autres mots, qu’il y a un manque probant de couilles chez les membres de la société québécoise! Il a beau y avoir des individus de sexe masculin au Québec, ceux-ci sont châtrés. De son côté, Tremblay, s’excluant, de toute évidence, de ce qu’il nomme homme, du fait de sa non-hétéronormativité, semble corroborer cette interprétation. L’homme évoqué par Tremblay serait l’expression du genre homme-blanc-hétérosexuel-dominant-viril-autoritaire-couillu. Pour Tremblay, pendant que les hommes manquent de couilles, ce sont les femmes qui les ont. Comme il le dit clairement, au Québec, « la femme est omniprésente. C’est elle qui mène. C’est aussi elle qui tient les cordons de la bourse. »[33] Voilà enfin l’image des bourses justifiée.

 

Pourtant, s’il s’avère juste que dans cet énoncé, il faut lire le signifiant homme comme une métaphore, c’est-à-dire comme « un signifiant qui vient à la place d’un autre signifiant »[34], j’ai pour ma part une réserve quant à imaginer qu’ici homme vienne à la place de couille. Cette réserve vient du fait qu’il s’agit d’une image, des plus vulgaires, j’en consens et m’en excuse, associée au genre masculin dans l’imaginaire social. C’est bien là que le bât blesse avec l’explication des phénomènes sociaux à partir des théories du genre puisque celui-ci appartient au registre imaginaire quand « le lien organisateur du social, pour l’homme se déploie de manière spécifique dans le registre du symbolique »[35]. Si le genre en tant qu’image du sexe, comme tous autres biens d’ailleurs, s’échange dans la culture, c’est qu’il obéit avant tout à la puissance combinatoire des règles de l’organisation symbolique.

 

Bref, placer les couilles au lieu de l’homme dans l’énoncé « il n’y a pas d’hommes au Québec » ne fait en réalité que substituer une image à une autre, ce qui ne nous fait pas avancer d’un poil. En réalité, on pourrait procéder à volonté à des substitutions de ce genre (homme, genre, couille, virilité, puissance, etc.) sans qu’on ne soit pour autant ailleurs qu’au point où l’on avait commencé, c’est-à-dire là où quelque chose manque. Pour éviter de tourner en rond, ce que je propose de faire, c’est de couper court à ce défilement indéfini d’images, pour mieux examiner de quoi il procède. Au risque de sembler couper les coins ronds, je dirai que la place qu’occupe le signifiant homme dans l’énoncé en question est celle du père. Avant de crier au loup et de qualifier mon interprétation de familialiste, je prierais mon lecteur d’attendre la conclusion de mon texte.

 

Pour se convaincre de mon hypothèse qui pose que ce qui se trouve en cause à la place de l’homme dans l’énoncé est celle du père, il suffit de lire les discours des protagonistes entourant l’énoncé. Chez Bernhardt, l’homme apparaît à la fin d’une énumération, qui voit défiler peintres, littérateurs, sculpteurs, poètes, c’est-à-dire ces « grands hommes »[36] dont la formation, selon le Lacan durkheimien de 1938 des Les Complexes familiaux, relevait de la valeur sociale accordée à l’imago paternelle. Pour se convaincre que les « hommes éminents »[37] que Bernhard dit manquants au Québec désignent bien des pères, il suffit de prêter attention au remède qu’elle prescrit à ce mal. C’est bien à un appel au père que Bernhardt s’affaire lorsqu’elle clame immédiatement après avoir dit qu’il n’y avait pas d’hommes parmi les Canadiens-français, « [c]’est à vous, les journalistes, et à la jeunesse étudiante, à préparer l’avenir et à former le goût et les mœurs d’un pays »[38]

 

Du côté de Tremblay, c’est par le signifiant nouille que l’homme se lie au père. Après avoir dit que « L’homme est une nouille. Il n’y a pas d’homme au Québec », il affirme « J’ai fait mon premier homme dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou. Beaucoup moins nouille [que] le père québécois »[39]. Nul doute que la place qu’occupe l’homme-nouille dit manquant au Québec est celle du père. En 1981, dans une entrevue pour la revue Québec français, à la question de savoir si l’absence du père dans son œuvre était représentative de « l’impuissance de l’homme québécois », la réponse de Tremblay est sans équivoque : « Oui, c’est représentatif. »[40]

 

Tout comme Bernhardt, Tremblay lance lui aussi, à sa manière, un appel au père. Le père en question en est un à qui il pourrait énoncer son amour. En 1981, il explique :

« l’image du père, en Amérique du Nord en particulier, est une image avec laquelle je lutte sans cesse, et si j’ai fait Bonjour, là, bonjour, c’est justement pour changer l’image du père qu’on a en Amérique du Nord. Je voulais détruire une fois pour toutes la relation baseball[41] qui nous a été imposée face à notre père et je voulais une fois pour toutes, qu’un fils crie à son père : ‘‘Papa je t’aime’’ »[42].

 

À partir des années 1980, Tremblay se consacre dans son œuvre à remplir la place du père absent par la figure d’un nouveau père. Dès lors apparaissent dans ses pièces « des pères sensibles et aimants, de ‘‘nouveaux’’ pères, issus de cette race récente de ‘‘nouveaux’’ hommes qui font des entorses au machisme. »[43] De toute évidence, Tremblay a pris très au sérieux la fonction « thérapeutique » qu’on aura associée aux Belles-Sœurs[44], faisant ouvertement de son œuvre une sorte d’orthopédie du père québécois.

 

 

Une société sans père ?

 

 

Ainsi, restitué à sa place, ce qu’on devrait lire dans l’énoncé de ces deux artistes, c’est que, au Québec il n’y a pas de pères. Les tenants du discours de la thèse du déclin du père y trouveront certainement des éléments de preuves à leur théorie. J’objecterai à leur enthousiasme que ces deux exemples semblent plutôt démontrer que l’explication des maux du fils par la désertion sociale du père de famille dans la modernité appartient davantage au « sens commun » qu’à la théorie psychanalytique.

 

On connaît la rengaine des tenants de cette thèse, qui n’est pas moins populaire au Québec qu’en France, selon laquelle la perte du sacré, la rupture de l’unité associée aux sociétés traditionnelles, seraient les corollaires du déclin du père qui nous aurait projetés dans un monde « postmoderne » où règnent le non-sens, la non-histoire, et dans lequel toute forme d’autorité aurait été évacuée. Ainsi, selon François Ouellet, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le roman moderne, « [l]a chute du père serait l’expression la plus caractérielle du monde postmoderne »[45].

 

Ici, on s’appuie généralement sur la sécularisation pour expliquer le déclin de la valeur sociale accordée au père dans la modernité québécoise. Willy Apollon, membre du Groupe interdisciplinaire freudien de recherche et d’intervention clinique et culturelle : « Hier, la paternité, et à travers elle la masculinité, s’adossait sur les garanties religieuses de nos choix de société. Aujourd’hui, l’absence de telles garanties tourne la paternité en un théâtre de la dérision, en ce qui concerne son rôle intrafamilial, parental et social. »[46] En ce sens, au Québec, la Révolution tranquille et la sécularisation de la société auraient entraîné « une perte du sacré et un rapport à l’autre [Père] devenu soudainement plus complexe »[47].

 

On ne manquera pas d’arguer qu’au moment de la déclaration de Bernhardt, en 1905, la structure familiale au Québec était des plus traditionnelles. Dans une société aussi catholique que la société canadienne-française, la valeur sociale de l’imago paternelle était bien garantie par l’Église. Pourtant chez Bernhardt, c’est à la religion catholique qu’elle attribue ce déclin : « Ah! oui, je comprends, vous êtes sous le joug du clergé […] Vous lui devez ce progrès en arrière qui vous fait ressembler à la Turquie »[48]. L’image du père qu’elle évoque dans son appel est celle du père moderne laïc qui ne s’en laisserait pas imposer par l’institution religieuse.

 

De son côté, le père défaillant que met en scène Tremblay dans son théâtre est également antérieur à la Révolution tranquille, c’est-à-dire qu’il précède la séparation au Québec de l’Église et de l’État qui a eu lieu dans les années 60. Dans l’entrevue de 1971 mentionné plus haut, Tremblay insiste sur l’aspect descriptif de sa démarche. L’écrivain est catégorique, il « ne parle jamais de [lui] quand [il] écri[t]. »[49] Ce qu’il fait dans ces pièces, c’est plutôt « décrire un milieu »[50]. Le monde de ses textes serait d’une telle adéquation avec la réalité sociale qu’elle assurerait sa véracité. De cette façon, il peut dire que « tout est vrai dans En pièces détachées. »[51] Peu importe si ce que dit Tremblay est vrai ou non, il n’en reste pas moins que c’est dans cette conception réaliste qu’il s’inscrit lorsqu’il déclare l’absence du père au Québec.

 

Dans la mesure où comme il le dit en 1981, sa démarche d’écriture est « rétrospective », c’est-à-dire qu’il « écrit toujours après coup », qu’il « voi[t] le monde vivre des choses et puis, quelques années après, [il] les mâche, ça sort »[52], en 1965 lors qu’il écrit Les Belles-Sœurs, le milieu duquel il parle est celui de son enfance, c’est-à-dire le milieu ouvrier canadien-français pré-Révolution tranquille, c’est-à-dire traditionnel et catholique. Ainsi, bien que le père chez Tremblay « s’adossait sur les garanties religieuses de nos choix de société »[53] cela ne l’a pas empêché, comme les quinze femmes sur scène, de le dire défaillant. Ce qu’aurait souhaité Tremblay, et ce à quoi il tentera de suppléer dans son œuvre à compter de 1980, c’est un père aimant, mais surtout, un père à qui il aurait pu énoncer son amour.

 

Ce qui semble se dégager du discours de Bernhardt et de Tremblay comme des tenants de la thèse du déclin du père, c’est qu’il est plutôt commode aujourd’hui, comme il l’était hier, de mettre les douleurs du fils sur le dos du père. Évidemment, dans la mesure où ces deux discours s’inscrivent dans des champs différents, on ne peut les placer sur un même plan. En effet, c’est une chose comme fils d’accuser son père d’être responsable de ses maux, c’en est un autre de légitimer cette plainte au moyen de la psychanalyse. Il ne faudrait pas pour autant sous-estimer l’importance que peuvent avoir les déclarations de Tremblay et de Bernhardt dans la société québécoise. En effet, la valeur qu’on attribue généralement à l’œuvre de cet écrivain ne tient pas à ses qualités littéraires, mais plutôt à son caractère historiographique. Par conséquent, lire au collège une pièce de Tremblay, comme Les Belles-Sœurs, comme le font tant d’étudiants, c’est lire la petite histoire du Québec, celle des gens ordinaires, de la famille de la classe populaire, dans laquelle le père y est dit absent. Ainsi, en dépit de la mise en garde de l’auteur qui raconte avoir parcouru les écoles de la province pour dire aux élèves « [f]aites surtout bien attention de ne pas faire un mythe avec c’t’histoire-là »[54], au Québec, le mythe du père absent, humilié, défaillant, est bien l’histoire que l’on se raconte collectivement. Ce trait est si important que certains en ont même fait le signe de la spécificité culturelle du Québec, spécificité dont les Québécois sont en perpétuelle quête. Ainsi, soutient-on qu’il n’y aurait « nulle part ailleurs [qu’au Québec] une société où la fonction du père soit généralement aussi méprisée, méconnue, oubliée voire forclose »[55]. À se fier à ces discours sur le père, on en vient à croire que celui-ci n’est pas seulement absent de la société québécoise, mais qu’il le serait plus que partout ailleurs. La pièce de Bouchard, marqué du sceau de l’institution littéraire canadienne, nous rappelle que les Québécois tiennent tant à se raconter cette histoire, qu’encore en 2015, on met en scène un événement historique, ayant eu lieu plus de cent ans plus tôt, lors duquel une actrice française traverse un océan pour venir leur dire qu’il n’y a pas de pères parmi eux.

 

 

À titre de conclusion

 

 

Dans l’interprétation de l’énoncé « il n’y a pas d’hommes au Québec », ici à l’étude, il ne s’agissait pas simplement d’imaginer quel signifiant se cachait derrière le signifiant homme. Dans la mesure où « ce qui est caché n’est jamais que ce qui manque à sa place »[56], c’est la place qu’occupe le signifiant homme dans l’énoncé qu’il s’agissait de déterminer. Ainsi, si une métaphore « c’est un signifiant qui vient à la place d’un autre signifiant »[57], ce n’est pas simplement un signifiant qui en remplace un autre, mais un signifiant qui tient la place d’un autre.

 

Dans l’énoncé en question, la place qu’occupe le signifiant homme est celle de ce qu’il n’y a pas. À la place de ce qui manque, le signifiant homme est là pour désigner ce qui n’y est pas. Qu’on y mette le signifiant qu’on veuille qu’on le remplace par l’image d’un genre ou d’un autre – n’en déplaise aux gender studies – c’est toujours le manque qu’il désignera. D’être un « pur signifiant »[58], l’homme de l’énoncé assure le « maintien de la présence dans l’absence »[59] tout en introduisant « l’effet du signifiant sur le sujet, la marque du sujet par le signifiant, et la dimension du manque introduite dans le sujet par ce signifiant. »[60]

 

Si je dis que, dans l’énoncé, le signifiant homme tient la place du signifiant père ce n’est donc pas dans une perspective familialiste, mais bien parce que structurellement il occupe la place du « signifiant qui, dans le lieu de l’Autre, pose et autorise le jeu des signifiants ».[61] En introduisant l’effet du signifiant, c’est-à-dire la dimension du manque, qui n’est autre que le signifié, le signifiant homme représente « dans le signifiant, ce signifiant par quoi le signifiant lui-même est posé ».[62] En ce sens, on peut dire que dans l’énoncé à l’étude le signifiant homme occupe la place du signifiant paternel, ce signifiant flottant qui est « le gage de tout art, toute poésie, toute invention mythique et esthétique »[63], fondement d’où la parole peut se déployer, le socle à partir duquel la fonction symbolique peut s’exercer.

 

En guise de conclusion je dirai que peu importe l’image qu’on se fait du père, qu’il paraisse aimant ou autoritaire, couillu ou châtré, ce que nous dit l’énoncé de Bernhardt et de Tremblay mis en scène par Bouchard, c’est qu’il y a bien une place qui lui est réservée dans la société québécoise. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, que le père ne réponde pas à l’appel de ses fils n’est pas une preuve qu’il n’a pas de place. En effet, « l’absence du père réel », note Lacan « est plus que compatible avec la présence du signifiant »[64] . Ainsi, peut-on dire que la seule présence du père dans la parole de ceux qui en énoncent l’absence en garantit la présence essentielle, c’est-à-dire en tant que signifiant.

 

 

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[1]On aura remarqué le glissement ici opéré de Canada à Québécois. Sans entrer dans les méandres de la politique canadienne, je dirai que le Québec, l’une des dix provinces du Canada, est reconnue au sein de la Confédération canadienne comme « société distincte » et même comme « nation ». Dans le langage commun, on décrit le Canada comme « deux solitudes », le Québec et ce qu’on appelle communément le ROC (Rest of Canada).

[2]M. Bouchard, La divine illusion. Montréal, Leméac, 2015, 126 p.

[3]M. Tremblay, « Entrevue avec Michel Tremblay » in Nord, n°1, Automne 1971 p. 58-9.

[4]M.-L Piccione,. « De l’ambiguïté sexuelle à l’incertitude existentielle : Le travesti dans l’œuvre de Michel Tremblay », in Annales du Centre de recherches sur l’Amérique anglophone. Vol. 18, hiver 1993, p. 58.

[5]J. Lacan, Les écrits techniques de Freud (1953-1954), Paris, Éditions du Seuil, 1975, p. 267.

[6]J. Lacan, Les psychoses (1955-1956), Paris, Éditions du Seuil, 1981, p. 135.

[7]Mgr Fabre envoya une lettre à l’éditeur de La Minerve que l’on retrouve dans l’édition du 23 décembre 1880, p. 2

[8]La Patrie, 24 décembre, 1880, p. 2.

[9]R. Hathorn, « Sarah Bernhardt and the Bishops of Montreal and Quebec » in Historical Studies, n°53,1896, p. 102.

[10]La patrie, 4 décembre 1905, p. 7.

[11]Le Soleil, 2 décembre 1905.

[12]Ibid.

[13]L’Événement, 24 novembre 1905.

[14]Le Soleil, 2 décembre 1905.

[15]L’Événement, 4 Décembre 1905, p. 3 ; R. Hathorn, « Sarah Bernhart », op. cit., p. 107 ; Beaucage, 1996, p. 89.

[16]R. Hathorn, « Sarah Bernhart  », op. cit., p. 114.

[17]L’Événement, 4 décembre 1905 ; Beaucage, 1996, p. 89.

[18]R. Hathorn, « Sarah Bernhardt  », op. cit., p. 114.

[19]L’Événement, 5 décembre 1905, p. 5.

[20]Il faut ici préciser que, comme on le verra, le terme Canadien-français est l’appellation par laquelle les Canadiens francophones étaient désignés et se désignaient eux-mêmes jusqu’à la Révolution tranquille.

[21]L’Événement, 5 décembre 1905, p. 5.

[22]Ibid.

[23]Ibid.

[24]Ibid.

[25]Ibid.

[26]P.-A. Linteau, « Un débat historique : l’entrée du Québec dans la modernité et la signification de la Révolution tranquille » in Y. Bélanger, R. Corneau et C. Métivier (dir.) La Révolution tranquille 40 ans plus tard : un bilan, Montréal, VLB Éditeur, 2000, 316 p.

[27]P. Resnick. « La vengeance des Huguenots : sur l’héritage de la Révolution tranquille », in R. Corneau, Jean Lesage et l’éveil d’une nation, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1989, p. 322-329

[28]J. Parizeau. « Quand le Canada n’est plus au centre de la scène », in Y. Bélanger, R. Corneau et C. Métivier (dir.) La Révolution tranquille 40 ans plus tard : un bilan, Montréal, VLB Éditeur, 1996, pp. 140-56

[29]J. Larose, La petite noirceur, Montréal, Boréal. 1987, p. 9.

[30]L. Guoin, 1995. Le personnage masculin dans l’œuvre de Michel Tremblay, Thèse de doctorat, p. 3.

[31]L. Burgoyne, « Au nom du père », op. cit, p. 115

[32]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., p. 58-9.

[33]M. Tremblay, « Entrevue avec Michel Tremblay », in Québec français, n° 44, 1981, p. 39.

[34]J. Lacan, Les formations de l’inconscient (1957-1958), Paris, Éditions du Seuil, 1998, p. 174.

[35]M. Zafiropoulos, Du père mort au déclin du père de famille. Où va la psychanalyse, Paris, PUF,  2014, p. 33.

[36]J. Lacan, Les complexes familiaux dans la formation de l’individu. Essai d’analyse d’une fonction en psychologie, Paris, Navarin Éditeur, 1984 (1938), p. 72.

[37]Idem, p. 55.

[38]L’Événement, 5 décembre 1905.

[39]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1971, p. 59.

[40]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1981, p. 39.

[41]Au lecteur qui ne connaîtrait pas cette « relation baseball », dont moi-même, nord-américain, ignorais l’existence, « Cela consiste […] dans le fait que les fils peuvent jouer au base-ball avec leurs pères, mais qu’ils ne peuvent au grand jamais leur exprimer leur amour en leur disant ‘‘ je t’aime ’’. » L. Guoin, Le personnage, op. cit., p. 112.

[42]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1981, p. 40

[43]L. Burgoyne, « Au nom du père ». Jeu : revue de théâtre, n° 58, 1991, p. 117.

[44]Tremblay raconte « On m’a dit la première année que ‘‘Les Belles-Sœurs’’ on été jouées que c’était de la thérapeutique de groupe. C’est ce que j’ai fait! » Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1971, p. 57.

[45]F. Ouellet, Passer au rang de père. Identité sociohistorique et littéraire au Québec. Québec, Nota Bene, 2002, p. 124.

[46]W. Apollon, La différence sexuelle au risque de la parenté, Québec, GRIFIC, 1997, p. 61.

[47]F. Ouellet, Passer au rang du père, op cit., p. 71.

[48]L’Événement, 5 décembre 1905, p. 5.

[49]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1971, p. 54.

[50]Idem. p. 62.

[51]Idem. p. 58.

[52]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1981, p. 40.

[53]W. Apollon, La différence sexuelle, op. cit., p. 61.

[54]M. Tremblay, « Entrevue », op. cit., 1971, p. 80.

[55]J. Larose, La petite noirceur, op. cit., p. 184.

[56]J. Lacan, Écrits, Paris, Éditions du Seuil, 1966, p. 25.

[57]J. Lacan, Les formations de l’inconscient, op. cit., p. 174.

[58]J. Lacan, Écrits, op. cit., p. 556.

[59]J. Lacan, Le Moi dans la théorie de Freud et dans la technique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1978, p. 297.

[60] J. Lacan, Les formations de l’inconscient, op. cit., p. 464.

[61]Idem, p. 317.

[62]Idem, p. 257.

[63]C. Lévi-Strauss « Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss », in M. Mauss, Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF, 1950, p. XLIX.

[64]J. Lacan, Écrits, op. cit., p. 557.