L’HEURE DE L’ETOILE L’Ile João Donato : un laboratoire pour l’étude extraterrestre de notre humanité ? – Lallá BARRETTO

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L’HEURE DE L’ETOILE L’Ile João Donato : un laboratoire pour l’étude extraterrestre de notre humanité ? – Lallá BARRETTO

Introduction

La recherche que nous allons présenter s’est imposée quand nous avons été informée de l’existence d’évènements ufologiques observés pendant toutes les années 1970, impliquant une petite population qui habitait l’Ile João Donato, située dans un réservoir naturel dans la commune de Palmeirância, dans l’arrière-pays du Maranhão, Etat du Nord du Brésil. Nous avons visité l’ile en 2016, en 2017 et en 2018. En 2017 nous avons fait une conférence sur le début de cette recherche au XVIIIe Congrès Brésilien d’Ufologie, tenu à Curitiba. Le mûrissement de l’étude de ce cas nous amène aujourd’hui à publier son approfondissement.

Dans les années 70, l’ile de João Donato était complètement isolée de la terre ferme. Il n’y avait pas d’électricité, de gaz ni d’eau courante. Les conditions de vie d’alors demeurent les mêmes de nos jours, avec très peu d’avancées, comme la lumière électrique, qui chassa les OVNIS de là. Aujourd’hui, l’île se trouve reliée à la terre ferme par deux chemins gagnés sur l’eau. Une vingtaine de familles y habitent dans un certain isolement génétique et culturel, configurant les situations que nous présentons dans cet article et qui semblent avoir intéressé, pendant dix ans, une ou plusieurs intelligences supposées extraterrestres, présentes dans le quotidien des personnes à cette époque, beaucoup plus distantes et rares de nos jours.

Les évènements ufologiques qui attirèrent notre attention se sont produits dans l’ile et consistèrent en des observations d’une manifestation lumineuse que les témoins appellent Étoile, Appareil, ou Torche, pour décrire ce qui semble être le même type d’engin, exhibant un comportement intelligent : une étoile plus étoile que les autres qui pouvaient être observées, habitant vraisemblablement en permanence le ciel de l’île.

Certains éléments issus de ces observations sont définis par les témoins comme des manifestations d’origine extraterrestre : le fait de se produire dans le ciel, exhibant un comportement intelligent et de maîtrise d’une technologie incompréhensible et inexplicable, établissant une forme de communication ; le contexte d’importantes manifestations ufologiques dans tous les Etats du Nord du pays pendant les années 70, qui culminèrent avec l’attaque des populations dans l’état du Pará, en 1977, à l’origine d’un des plus grands cas d’investigation officielle d’OVNIS de la planète, l’Opération Soucoupe, dont nous parlerons plus loin.

C’est la matriarche de la famille Abreu qui va nous raconter la proximité de la lumière sur elle-même et sur son mari, Silvino :

— Ires Abreu : Je vais raconter seulement ce que je sais… dans la porte de la cuisine il y avait un réservoir avec des poissons … j’y ai été faire la vaisselle. Quand j’y arrive, j’ai regardé comme ça, et l’étoile était en train de passer, j’ai alors pensé « regarde l’étoile dont tout le monde parle ». J’y suis restée faisant la vaisselle. Quand j’ai fini de faire la vaisselle et que je relève la tête, une torche de feu est venue sur moi, j’ai crié, ceux qui étaient dans la cuisine crièrent aussi « qu’est-ce qui se passe ? » C’est un feu qui venait vers moi ! C’est sûrement une étoile que j’ai vue !

— Felipe Marcel : Comme si s’était du feu ? C’était chaud ?

— Ires Abreu : Non, pas du tout ! C’était une lumière sur moi, une grande lumière, si près que j’ai failli tomber. J’ai crié, tout le monde a crié, elle a disparu alors.

— Lallá Barretto : Vous avez ressenti quelque chose dans votre corps avec la proximité de cette lumière ?

— Ires Abreu : Non, je n’ai rien ressenti sur le corps. Quand elle est venue vers moi, j’ai pensé « est-ce que ce bug va me manger ? », mais j’ai regardé cette grande lumière venant vers moi, alors j’ai crié. J’ai crié, elle a disparu.

— Lallá Barretto : C’était la première fois que vous la voyiez ?

— Ires Abreu : Pour moi, c’était seulement cette fois. Mais, passés quelques jours, mon mari avait un autre réservoir à la porte de la maison. Tous les soirs il allait regarder les poissons du réservoir. Quand il y a été, il a vu l’étoile, mais il ne croyait pas, parce que nous lui avions dit et il ne nous a pas crus. Il allait la tête baissée. Quand il a relevé la tête, la torche de feu est arrivée.

A la différence des récits, fréquents partout dans le monde, de lumières qui se matérialisent en vaisseaux, dans l’ile João Donato l’équipage observé venait à l’intérieur de la lumière. Rosa Abreu était encore enfant et n’oublia plus jamais ce qu’elle avait vu il y a quarante ans :

— Rosa Abreu : Sara devrait avoir six ou sept ans, Sonia devrait en avoir environ neuf. Dans l’île l’on prenait de l’eau dans le réservoir. Généralement c’était moi, qui était plus âgée, et les autres plus petites, nous allions faire la vaisselle. Il y avait l’histoire de l’Appareil, qu’ils étaient en train d’extraire du sang, et je suis restée de garde pour voir si l’Appareil ne venait pas. Les filles faisaient la vaisselle, moi les regardant. C’est quand j’ai vu, une lumière venait au loin. La lumière était comme un ballon. À l’intérieur de ce ballon, j’ai vu pour la première fois un nain. Dans mon arrière-pays il n’existait pas de nain : c’était un monsieur blanc, chauve, de cette petite taille comme ça. Il y en avait un autre, je sais qu’ils étaient deux, mais je me rappelle bien ce petit-là, à l’intérieur du ballon de feu. Seulement, ça ne chauffait pas. Il est resté à une hauteur proche. A l’intérieur de ce ballon de feu il y avait deux nains. C’était aussi la première fois que j’ai vu une échelle en aluminium, parce que dans l’arrière-pays il n’y en avait que des échelles en bois. Le petit nain était en train de sortir une échelle pour descendre. Alors j’ai commencé à crier : les enfants, l’Appareil, l’Appareil !! Et papa avait l’habitude : quand on finissait de diner, le café était déjà prêt, il restait bavarder. Sonia était plus grande, plus âgée, mais Sara est tombée, et j’ai continué à crier ‘regardez l’Appareil’ ! Je crois, je pense, n’est-ce pas, qu’il allait nous prendre.

Rosa fit le dessin suivant quand elle avait dix ans :

Les chercheurs en Ufologie discutent beaucoup sur l’influence de l’imagination des témoins dans les récits, aspect du fonctionnement psychique humain qui conduirait à invalider n’importe quel récit de témoin. Nous avons une autre position par rapport à cela. Nous partons du fait cliniquement avéré que le témoin d’un fait terrifiant garde la mémoire détaillée et claire de la situation traumatique, souvent pour toute la vie. C’est ce que révèlent aussi les grands récits de la casuistique ufologique, comme celui de Travis Walton, pour n’en citer qu’un seul, qui ne varie jamais dans son récit depuis quarante ans, aussi bien que les personnes qui témoignèrent de son abduction. Nous avons posé cette question à Leonel Abreu :

— Lallá Barretto : Quand Felipe t’a demandé si tu pouvais avoir une quelconque faille de mémoire, tu as répondu fermement que non. Pourquoi penses-tu que c’est resté aussi vif dans ton esprit ?

— Leonel Abreu : Parce que j’ai vécu cela depuis mes sept ans, depuis l’enfance. Dans l’ile nous commencions à travailler enfants, à cinq ans l’on commençait à travailler dans les champs.

— Lallá Barretto : Tu crois donc que c’était quelque chose d’assez impressionnant pour que ça reste gravé dans ta mémoire ?

— Leonel Abreu : Ça l’était et ça l’est toujours.

La présence de l’Étoile, Appareil ou Torche fut permanente pendant dix ans, comme Leonel Abreu continue de nous le raconter :

— Lallá Barretto : Tout cela s’est passé pendant longtemps, pendant toute ton enfance ? Combien de temps ?

— Leonel Abreu : En 1974 … de 70 à 80.

— Lallá Barretto : Tout ça ? Presque dix ans ?

— Leonel Abreu : Oui. Tout ça. Presque dix ans.

— Felipe Marcel : C’était tous les jours, une fois par an ?

— Leonel Abreu : Ça n’était pas tous les jours, parce que nous ne sortions pas tous les jours. Mais c’était toujours, tout le temps.

Les témoins sont convaincus que le comportement des lumières est intelligent, que cette intelligence observe et étudie la population de l’île. Le sujet s’envisageant soi-même comme objet d’étude d’une intelligence extraterrestre, l’anthropologie psychanalytique peut être convoquée, non pas pour étudier la problématique psychosociale du cas, mais  pour mieux cerner quels aspects de l’humain seraient en train d’étudier les supposés extraterrestres pendant environ dix ans, essayant de ramener des éléments de réponse pour la question récurrente en ufologie : que veulent-ils de nous ?

L’île est connue par le nom de João Donato Araújo, premier squatter qui s’y installa vers 1880, et où il eut des enfants. La famille n’a pas d’informations sur le nombre d’enfants de João Donato, pensant qu’ils se sont dispersés, ne gardant aucune mémoire de ces parents lointains.

Notre histoire commence avec l’un des enfants de João Donato, Mariano Bruno Araújo qui, constituant famille, déménagea dans un lieu appelé Rumo, où il eut cinq enfants. À la fin da la vie de son père, ou après la mort de celui-ci, il devient à son tour squatteur de l’île, où il revient s’installer avec ses cinq enfants : Silvino, Estrina, Assunção, Martinho, et un autre enfant dont la famille n’a pas gardé non plus la mémoire, pensant qu’il serait décédé en bas âge.

Mariano accorda la possession de terres à quelques personnes qui n’avaient aucun degré de parenté avec lui. Ces personnes finirent par se mêler par alliance à sa famille, entrainant une situation où ils étaient « tous cousins », dans le dire de Sara Abreu, historienne de la famille. Nous pouvons donc considérer que la population de l’île peut être observée comme un microcosme génétique relativement préservé.

Mais c’est la famille que son fils, Silvino Sodré Araújo, constitua avec Ires Abreu qui va nous intéresser le plus, car elle implique un grand nombre de témoins d’une même famille, cette famille étant peut-être  la plus visée par les objets qui terrorisaient l’île. Les particularités des relations familiales et la prédominance du type sanguin O+ dans la famille, nous amènent à penser que quelque chose du comportement humain, en rapport avec le type sanguin fut l’objet de l’intérêt continuel d’une intelligence supposée extraterrestre.

  1. L’Île João Donato et l’Anthropologie psychanalytique

            Les manifestations multiples et diversifiées que le phénomène OVNI impose à la connaissance humaine ne peuvent pas être assimilées ni réduites à notre rationalité scientifique.

Lumières, vaisseaux, sondes, objets technologiques, êtres à la morphologie plus ou moins humaine, se manifestent en différentes formes, tailles et couleurs, tous présentant un comportement intelligent et une interaction avec les témoins humains, jusqu’aux abductions. Ces manifestations définissent une réalité particulière, avec ses propres règles, et avec une cohérence interne dans les récits des témoins.

La position épistémologique de l’humain devant cet objet de son désir de connaître est obligatoirement d’observation passive. Tous ces objets exhibent une maîtrise de qui et quoi sera impliqué dans l’observation. Les témoins n’observent que ce qui leur est donné à voir.

Si pendant des décennies, depuis le début de l’ère moderne des OVNIS en 1947, le phénomène ne cessa pas d’être discrédité, relégué au champ de l’imaginaire et des formations psychiques et mentales, le moment de douter de sa réalité physique est désormais révolu. Parmi les registres de ces évènements, vestiges, films, photos, récits, les radars ne laissent pas de doute sur la réalité physique de ces objets, depuis que ces engins furent en opération pendant la deuxième Guerre Mondiale. Nous disposons aujourd’hui de nombreux enregistrements spectaculaires de radars autour du monde, comme celui connu comme La nuit officielle des OVNIS, en 1986, où 21 vaisseaux d’origine inconnue furent observés à l’œil nu et pris dans les radars, volant en formation entre les villes de São José dos Campos et Rio de Janeiro, au Brésil. Cet événement inédit fit l’objet de déclarations du Ministre de la Défense brésilien sur la chaîne nationale.

Cependant, ce n’est que récemment, le 12 janvier 2020, que le Pentagone rendit publique l’existence d’enregistrements secrets d’OVNIs et reconnut la véracité de deux vidéos enregistrées en 2004. L’importance des Etats-Unis d’Amérique dans la politique de recouvrement de la réalité ufologique fit que cette déclaration prit la valeur d’une annonce de l’existence officielle des OVNIs.

Toujours perçus comme objets physiques insérés dans notre réalité tridimensionnelle, la science terrienne exigea que ces objets répondent aux protocoles des sciences dites exactes, notamment la physique, pour être tout simplement acceptés comme existants et valables pour la science.

Sauf que l’objet est rebelle aux protocoles scientifiques : le chercheur n’a aucune prérogative pour provoquer l’objet, soit pour provoquer un évènement ufologique, ni le reproduire en laboratoire. Ces caractéristiques générales de l’objet ufologique obligent à de nombreuses et différentes approches, qui partent de la physique, en passant par toutes les sciences, jusqu’à la spiritualité ! Mais la recherche ufologique qui ambitionne la science doit obligatoirement se servir de méthodes et de concepts des sciences déjà constitués pour élaborer de la connaissance sur un objet qui insiste à se présenter comme tout à fait atypique.

Notre formation et référence scientifique pour l’approche du phénomène OVNI est l’anthropologie psychanalytique qui, comme les autres Sciences Humaines, participe de la même difficulté scientifique : les phénomènes et manifestations de l’objet humain et social ne peuvent pas non plus être provoqués ni répétés en laboratoire, ses protocoles présentent donc une grande affinité avec l’objet ufologique.

Les témoins de l’île João Donato sont convaincus qu’ils étaient observés par l’Étoile, l’Appareil ou la Torche. Dans les années 70, toute la région fut la scène de manifestations violentes du phénomène ufologique, où il y eut mort d’homme. Tout le monde disait que l’Appareil voulait sucer le sang des gens, comme il arrivera à des centaines de personnes, à la fin de 1977, dans l’état voisin, le Pará. Le contact dans l’île du Maranhão fut continuel, pendant toute la décennie, tandis que dans le Pará neuf objets furent identifiés lors de leur incursion dans notre monde, caractérisant un contact de masse, dès la fin de l’année 1977 et durant l’année suivante.

L’interprétation des témoins, selon laquelle ils avaient été observés, a pour nous la valeur d’une hypothèse qui doit être approfondie à partir de la raison scientifique propre à l’anthropologie psychanalytique.

Du point de vue épistémologique, nous procédons par homologie de l’appareil conceptuel de l’anthropologie psychanalytique avec les situations vécues par les témoins de l’île João Donato, mais pour faire un renversement de perspective et évaluer, non pas la problématique psychosociale du cas et des témoins, mais quels aspects de l’humain pourraient bien faire l’objet de l’intérêt de cette intelligence supposée extraterrestre, contribuant ainsi par des éléments de réponse à la question récurrente en ufologie : que veulent-ils de nous ?

  1. Rappel de l’Anthropologie psychanalytique

Comme nous le savons tous, Freud fut le découvreur de l’inconscient, une autre dimension humaine qui vit avec et interfère dans nos actes et pensées conscientes de tous les jours. Avec cette découverte, l’homme perd une deuxième fois sa position privilégiée de créature. La première fois ce fut avec la découverte de Copernic, où de centre de l’univers, la Terre est devenue un corps céleste de plus à tourner autour du soleil.

Avec la découverte de Freud, l’homme fut encore une fois destitué de sa position de contrôle, car ses actions conscientes sont désormais suspectes, affectées par des motivations inconnues d’être inconscientes, et sur lesquelles il n’a aucun contrôle. Ce fut l’émergence d’une nouvelle connaissance de l’homme, qui demandait l’élaboration d’une nouvelle anthropologie. Un nouveau paradigme ressort de cette nouvelle anthropologie : l’homme n’est plus tout conscient et maître de toutes ses actions, pour devenir un être de deux dimensions psychiques, la consciente et l’inconsciente.

L’une des grandes énigmes de l’anthropologie est celle de savoir quand et comment l’homme cesse d’être un animal pour devenir humain. Enquêter sur cela équivaut à chercher dans quelles conditions s’est formée sa double nature psychique, objet de la nouvelle anthropologie psychanalytique.

L’anthropologie entend aujourd’hui que l’humain existe à partir du moment où l’homme commence à produire de la culture, se distinguant ainsi des autres animaux : en produisant le langage, en dominant la nature à son profit, en produisant des armes, des objets et des institutions sociales.

Étudiant les religions et les coutumes les plus anciennes de l’humanité, Freud reconnut l’importance des repas en commun et la signification de sacrifice rituel qu’ils prirent dans toutes les cultures anciennes.

Dans l’impossibilité de reconstituer si loin dans le temps l’histoire de l’humanité jusqu’au moment où l’homme cessa d’être un animal pour devenir humain, Freud s’est trouvé obligé, pour élaborer sa nouvelle anthropologie, de composer une histoire, un mythe, combinant la connaissance anthropologique disponible dans son temps avec les récits de ses patients sur leurs vies psychiques.

L’histoire fut recueillie dans le mythe de Totem et tabou : les pré-humains auraient vécu, à l’instar des grands simiens, dans des hordes d’une ou deux dizaines d’individus. Cette horde aurait été dominée par un chef tout puissant, avec pouvoir de vie et de mort sur tous les individus du groupe, et aurait été le seul mâle à avoir la jouissance de toutes les femmes. Les mâles, arrivant à l’adolescence, étaient écartés de la horde, vivant en promiscuité. Jusqu’au jour, immortalisé par Freud, où les fils s’unirent et assassinèrent le père. Cet acte primordial eut comme conséquence la culpabilité insupportable et la nécessité des premières règles sociales, afin qu’aucun des fils ne soit tenté de prendre la place du père, réactualisant le cycle animal. La culpabilité plongea les fils dans une espèce de nostalgie du père et serait à l’origine des banquets sacrificiels observés dans la plupart des cultures anciennes. Les fils aurait consommé le père de la horde en un banquet, dans la tentative désespérée de s’approprier ses attributs, l’instituant comme être divin, donnant lieu à l’idée de Dieu. Nous rencontrons dans la plupart des cultures anciennes le banquet rituel qui commémore ce temps mythique.

Dans cette situation psychique, les premières règles sociales furent crées pour régler la relation des fils libérés du joug du père de la horde. Il était absolument nécessaire qu’aucun d’entre eux ne cède à la tentation de s’imposer aux autres, assumant la domination du groupe. La première règle qui régula les sociétés humaines fut religieuse, ayant le père divinisé comme garant de la permanence de ces règles.

Il est intéressant de noter que Freud avait la certitude intellectuelle que ce mythe correspondait à un évènement primordial qui se serait effectivement produit  à l’origine de l’humanité

 

  1. Des extraterrestres lecteurs de Freud ?

De retour à l’île João Donato, quelle n’a pas été notre surprise de rencontrer là-bas une réédition du père de la horde freudienne dans la personne de Silvino Sodré Araújo. La situation particulière de la famille qu’il constitua avec Ires Abreu attira notre attention. Avec un certain humour, nous pensâmes que l’intelligence présente dans l’île devait avoir lu Freud pour planifier ses études de l’humain terrestre. Nous verrons que cette idée éclaircit la situation particulière de cette famille en interaction avec le phénomène OVNI. L’intelligence que nous supposons extraterrestre aurait-elle lu Freud pour observer le comportement social et génétique de cette population humaine ?

Silvino Sodré Araújo fut un homme de très forte et paradoxale personnalité. Tandis qu’il avait une grande et positive influence dans la vie de son entourage. S’il fut un tyran pervers et violent avec sa propre famille, les voisins et parents de l’île gardent de lui la mémoire d’un homme solidaire et généreux, de ceux capables d’être le seul secours dans des moments d’extrême difficulté.

Nous ne rentrerons pas dans les détails du pouvoir absolu et des mauvais traitements physiques et psychologiques qu’il faisait subir tous les jours à tous les membres de sa famille. Il avait autorité absolue sur tous, imposant dans sa maison une discipline avec une cruauté raffinée, comportement rarement rencontré dans la littérature clinique.

Silvino fut aussi un grand procréateur. Commerçant ambulant, il parsema d’enfants le Maranhão, durant les longues absences exigées par son travail. La légende à son sujet raconte qu’il engrossait les femmes à même la selle d’un cheval, nous renvoyant à l’imaginaire du père jouisseur de la horde freudienne.

Cette présence évidente d’un père de la horde freudienne nous amène à enquêter de plus près sur la famille que Silvino forma avec Ires Abreu, aussi bien que d’autres aspects d’intérêt anthropologique, qui se sont révélés tout le long des témoignages que nous avons recueillis et qui, selon notre hypothèse, fut le grand intérêt de l’intelligence présente dans l’île.

 

            3.1. La situation familiale de Silvino Sodré Araújo

Silvino eut donc une nombreuse descendance : 15 enfants conçus avec Ires vivaient dans l’île. De plus, il récupérait tous les enfants qu’il savait être siens avec différentes femmes partout dans le Maranhão, et les amenait dans l’île pour qu’ils soient élevés auprès de lui par Dona Ires. Ainsi, vivaient dans l’île environ vingt-cinq enfants de Silvino dans la décennie 70.

La réédition du père de la horde n’était pas soumise à la loi. Il n’enregistrait pas ses enfants, qui portent tous le nom de leur mère, dans un usage pourtant courant dans le Maranhão patriarcal.

L´Étoile, Appareil ou Torche semblait surveiller les allées et venues de Silvino dans ses activités commerciales. Ses enfants racontent que la lumière s’arrêtait sur leur maison quand Silvino devait arriver. Même si aucune attaque de l’Appareil n’a été rapportée dans l’île, qu’il n’ait selon Dona Isaltina « réussi à choper personne », son approche est décrite comme terrifiante. La Torche s’est placée au-dessus de Dona Ires et de Silvino dans des occasions différentes, comme au-dessus de trois de leurs filles encore enfants, avec l’apparition d’êtres suggérant des abductions effacées de leur mémoire.

Dans la génération suivante, le cousin de Rosa, Domingos Balbino Sodré, fit une observation également percutante de l’Appareil, avec ses deux petits nains et ses petites échelles d’aluminium. Rosa et Domingos étaient préadolescents, avaient dix ans tous les deux au moment de ces observations respectives faites à vingt ans d’intervalle. Domingos et son frère sont mariés à deux sœurs qui firent des observations impressionnantes dans l’île en 2016.

Les liens génétiques entre la grande majorité de la population de l’île, qui au moment des évènements comptait avec la famille de Silvino, celles de ses frères et sœurs, une quinzaine de familles ayant des liens de parenté, nous permettent de définir l’île João Donato comme un microcosme suffisamment isolé pour préserver un certain nombre de relations génétiques et sociales, assez pratique pour l’observation et l’étude. Le comportement intrafamilial suggère l’observation des relations inférées par Freud pour expliquer le mécanisme psychique du passage de la nature à la culture. Cela semble logique et intelligent d’étudier cet aspect fondamental de la nature humaine.

Nous avons révélé avec notre recherche le type sanguin de Ires Abreu et de quatorze de ses quinze enfants, tous O+. Une intéressante étude sur les visites de dortoir — modalité de contact où le témoin est objet d’examens physiques dans sa chambre par des êtres étrangers à notre monde — réalisée à Buenos Aires par Liliana et Edoardo Grosso, révèle le sang O+ comme point commun entre les témoins, avec des indications de l’intérêt porté sur l’ADN mitochondrial, soit sur la transmission des caractères génétiques à travers la mère.

Le vécu familial fut entièrement dominé par le symptôme du père : pouvoir absolu de Silvino, exercé sur sa femme, avec maltraitances physiques et psychologiques, pouvoir absolu aussi sur tous ses enfants, avec le même raffinement de maltraitances physiques et psychologiques. Si nous admettons l’hypothèse d’une intelligence extraterrestre étudiant le comportement social par rapport à la génétique des habitants de l’île João Donato, nous pouvons penser que l’Appareil a affecté et attisé le comportement violent de Silvino, peut-être même de manière décidée, visant l’observation. Affecter l’équilibre psychique des témoins de différentes manières est une des caractéristiques du phénomène OVNI.

            3.2. Large observation du contexte humain : probable étude de la          nature de l’île et des activités nocturnes qui n’admettaient pas de         témoins

            D’autres évènements mystérieux et inconnus se produisaient dans l’île, suggérant que l’intelligence en action observait le contexte plus large de la vie humaine. L’un des comportements de l’Appareil était d’intervenir contre les gens qui circulaient la nuit : torches, lampes, cigarettes, tout feu allumé signalait la présence humaine, les obligeant à rentrer chez eux. Ce comportement convainquit les témoins que n’importe quel feu attirait l’Appareil. La peur eut pour conséquence que personne ne sortait plus à la tombée de la nuit, modifiant ainsi la vie locale, comme nous le raconte Dona Isaltina Medes :

— Isaltina Mendes : Voyez, cet Appareil est une longue histoire. En ce temps, personne ici dans l’île n’avait d’énergie électrique, tout le monde se déplaçait avec des lampes. Quand cet Appareil regardait cette lampe, le feu que l’on faisait, il descendait pour retirer le sang de l’être humain qui regardait l’Appareil. Tout feu que l’on mettait dans la rue. Quand il regardait la clarté du feu, il venait presque en bas, et la personne sortait de la rue à cause de lui. Un jour, il y eut oraison dans la maison de Caitina. Ma mère y est allée. C’était ce chemin de brousse et nous sommes allées avec des lampes. Il n’y avait pas de lampes de poche, c’étaient des lampes, et il se déplaçait dans le haut, parce qu’il ne pouvait pas regarder le feu. »

— Lallá Barretto : L’Appareil ne pouvait pas regarder le feu ?

— Isaltina Mendes : Non, il descendait pour vouloir tuer la personne et en boire le sang, c’est ce qu’il faisait en se déplaçant.

— Lallá Barretto : Ici il lui est arrivé de faire ça ?

— Isaltina Mendes : Non, parce qu’il n’a jamais trouvé quelqu’un à choper.

L’intelligence en action là-bas ne voulait attaquer personne. Il est devenu très clair qu’elle ne voulait personne circulant la nuit dans l’île. Y aurait-il aussi quelque chose d’inflammable qui rendrait la présence du feu indésirable ? La première idée qui vient à l’esprit est qu’ils réalisaient des expérimentations scientifiques pour étudier la nature de l’île, ou même l’acclimatation des petits nains dans notre monde, ne voulant pas d’interférence humaine. Plusieurs témoins racontent avoir vu la nuit des clairières au loin, au milieu de la brousse.

Des faits étranges indiquent qu’ils sont encore présents aussi dans la brousse. Sara Abreu raconte la présence récente d’un petit palmier, d’une espèce courante dans l’écosystème de l’île, qui présenta un comportement atypique pendant environ un an, obligeant aussi, par son étrangeté, la population à changer de chemin. C’est ce que nous dit Sara Abreu :

— Sara Abreu : C’était un petit palmier. Pourquoi l’étonnement ? Quelle est la différence parmi tant d’autres palmiers ? Pourquoi celui-là faisait une telle différence ? Je vais vous montrer un chemin où les gens passent. De beaucoup passer dessus, ça marque, il n’y a pas moyen que naisse aucune sorte de plante, parce que, étant beaucoup piétiné ça tue tout être ou petite plante. Mais ce palmier ne mourut pas ! Il est né là, au milieu du chemin, et il n’arrêtait pas ! Il avait un secouement, un balancement différent. Ce n’était pas le vent qui le secouait. Qu’il y ait du vent, qu’il n’y ait pas de vent, il était secoué très très très rapidement, beaucoup, beaucoup !

— Lallá Barretto : Il était toujours secoué ?

— Sara Abreu : Tout le temps, il se secouait sans arrêt. J’habite à São Luis, je suis née ici, mais j’habite São Luis depuis déjà longtemps. Ce palmier est resté plus ou moins un an. Il atteignait une petite taille comme ça la dernière fois que je l’ai vu. Avec l’un de mes enfants et mon neveu, Anderson et Pablo, nous sommes venus regarder ce palmier. Comme il ne s’arrêtait pas, Pablo a essayé de le retenir pour voir ce qu’il arriverait. S’il le retenait, peut-être qu’il s’arrêterait. Les garçons prirent peur « ne touche pas, ne touche pas, il ne s’occupe pas de nous », mais il prit le palmier, tenant un peu la feuille. Quand il le lâcha, le palmier continua pareil, secouant, secouant dans ce sens. Ce n’était pas un secouement d’un côté et dans l’autre, comme une feuille normale. Il se secouait très, très rapidement.

— Lallá Barretto : C’était un mouvement rythmé ? 

— Sara Abreu : Ça faisait du bruit, Lallá ! Zip, zip, zip, zip, zip. Le garçon l’a pris et retenu et quand il l’a lâché, il recommençait à nouveau, tout le temps.

— Lallá Barretto : Et après, il a disparu ?

— Sara Abreu : Il a disparu du lieu.

 

            3.3. Probable observation des stratégies de survie liées à      l’écologie de l’île

Dans le contexte humain de l’île, nous avons encore à relever les conditions matérielles de vie, qui étaient à l’époque assez précaires. Si l’électricité éloigna les OVNIs et l’eau courante rendit le quotidien plus facile, encore de nos jours l’alimentation de base est un poisson appelé Jabiraca, péché pendant l’été. Le poisson est mis à sécher au soleil et gardé pour garantir l’alimentation pendant l’hiver. Ce poisson séché est encore frit dans le charbon de babaçu, fruit d’une espèce (Attalea speciosa) de la famille des palmiers. Le charbon est toujours un produit maison, fait à la main à partir de la noix de babaçu. On le mange accompagné d’une pâte de farine, appelé tiquara, et de bananes.

Les coutumes religieuses de la population semblent avoir intéressé les supposés extraterrestres, car la lumière venait quand il y avait réunion de personnes pour prier, la population étant évangéliste.

D’autres actes de la vie sociale attirèrent l’Appareil, comme le « faire la garde », quand le voisinage se réunit chez quelqu’un qui est malade ou agonisant, indiquant que l’intelligence responsable des évènements ufologiques était intéressée par l’observation des aspects les plus élémentaires de la culture humaine dans l’île, associés aux aspects comportementaux et génétiques de la population de l’île. Reliquat du patriarcat brésilien, ce microcosme génétique, relativement bien préservé par l’isolement de l’île, suggère cependant l’intérêt pour l’ADN mitochondrial, soit pour la transmission de caractères à travers la mère.

            3.4. Étude probable de la structure imaginaire humaine : situation           particulière du rapport entre folklore et voyance dans l’île

Pour Freud, le folklore est chargé de l’inconscient des peuples, car il porte dans ses productions tout le vécu inconscient humain. Le folklore est pour lui une voie d’accès à l’inconscient et donc une étude des plus importantes pour la connaissance de l’humanité.

L’ufologue brésilien Antonio Faleiro fut le premier à soupçonner la réalité ufologique travestie dans les manifestations du folklore brésilien. C’était comme une sorte de dévoilement, de reconnaissance que certaines formations mentales se sont superposées à une réalité ufologique qui ne pouvait pas être assimilée par les populations rurales, par son étrangeté technologique, et encore moins révélée comme objets extraterrestres en action dans notre monde. Les figures folkloriques seraient une sorte de filtre, de défense mentale contre le radicalement différent.

La population de l’île fait une différence bien marquée entre ce qui est de l’ordre de la voyance et ce qui est évènement ufologique. La voyance est la vision du monde des esprits, et l’évènement ufologique est affirmé comme réel, quelque chose qui se passe effectivement.

Nous avons recueilli dans l’île João Donato trois figures folkloriques, entre voyance et réalité ufologique :

  • La Curacanga est une boule de feu appartenant au folklore du Maranhão et présente dans tout le Brésil comme lié au folklore des sondes ufologiques, appelée la Mère de l’Or dans d’autres régions.

  • La Chèvre Rauque est décrite en termes de voyance dans l’île João Donato. Elle serait une fantasmagorique chèvre noire qui émet un cri rauque et terrifiant, qui n’est pas celui des chèvres, étant un être ambigu, peut être un engin technologique qui circulait dans l’île, terrorisant ses habitants.

  • Le Curupira est un être petit avec les pieds tournés en arrière. Il garde les bois, faisant que les gens ayant de mauvaises intentions avec la nature perdent leur chemin, se retrouvent confuses au milieu de la brousse, ou perdent conscience pendant un certain temps, pouvant tomber quelques heures dans un sommeil noir. Il est largement rapporté dans la littérature ufologique l’existence de contacts qui demeurent complètement hors de la conscience, ne pouvant être récupérés qu’à travers l’hypnose régressive.

            3.5. Contact : établissement d’un pacte symbolique, principe du             langage humain

Du point de vue anthropologique, la modalité de contact la plus importante dans l’île fut l’établissement d’un point zéro de la communication humaine, l’établissement d’une convention significative qui rend possible l’émergence du langage, comme l’une des causes ou conséquences du passage de la nature à la culture. Le langage humain surgit quand un accord se fait entre les hommes sur les règles qui doivent être observées pour que la compréhension se fasse pour tous. Ces règles sont transmises de façon inconsciente quand nous apprenons à parler. C’est le pacte symbolique.

L’Étoile, Appareil ou Torche établi un accord tacite, un pacte symbolique avec les témoins, ce qui vient conforter l’hypothèse qui sous-tend cet article, d’un intérêt principalement d’anthropologie culturelle combiné avec l’intérêt génétique. Leonel Abreu nous raconte :

— Leonel Abreu : Tout a commencé à partir de 1970, 74 environ. Nous habitions dans l’île João Donato, située entre les villes de São Bento et Palmeirândia. Là-bas il n’y avait pas d’interférence de lumière, d’aucun bruit. C’était une île, un champ désert. Il apparaissait toujours des lumières, comme si c’était une étoile. Nous l’appelions Appareil. Si l’on disait « voilà l’Appareil », il disparaissait. Si l’on ne parlait pas, il descendait… cette lumière. Cette chose est apparue plusieurs fois, pour plusieurs personnes, tout le monde voyait. Nous travaillions deux par deux quand on accomplissait une tâche quelconque, parce que nous avions peur.

Il y eut donc l’établissement d’un point zéro du langage, un premier pacte significatif, et il ne semble pas qu’il y ait eu des cas où ce pacte n’ait pas été observé. Ce pacte symbolique fut aussi établi dans la région de Colares, au Pará, et servit à l’élaboration de stratégies de coexistence avec l’Appareil. Un degré aussi élémentaire de communication est cependant étonnant pour des civilisations que nous supposons beaucoup plus avancées que la nôtre, qui devraient maîtriser complètement cette question. Mais peut-être qu’ils ne maîtrisent rien et qu’ils essayent d’apprendre les principes du langage humain. Nous pouvons aussi penser que l’incommensurable écart technologique entre civilisations puisse signifier une incommunicabilité entre cultures, nécessitant le développement d’un langage commun.

 

  1. La continuité du contact dans le temps

Depuis que l’énergie électrique arriva dans l’île, en 1983, et que deux chemins la relièrent à la terre ferme, les évènements sont devenus plus distants, observés dans le ciel, mais ne descendant plus, comme nous le raconte Dona Isaltina Mendes Sodré :

— Lallá Barretto : Et de nos jours ?

— Isaltina Mendes Sodré : De nos jours il y a un petit appareil qui ne descend plus. Ce ne sont plus ces grandes torches que l’on voyait passer.

— Lallá Barretto : Quelle couleur ?

Isaltina Mendes Sodré : Feu ! Rouge ! Presque comme un phare de voiture quand il regardait le feu !

Cependant, avec un intervalle de vingt ans, Domingos Balbino Abreu fit la même observation que sa cousine Rosa Abreu d’un contact proche avec les mêmes êtres :

— Domingos Balbino Sodré : Il y a longtemps, l’on mettait le filet de pêche dans le canoë et l’on embarquait. Nous sommes partis deux amis et moi. Entre neuf et dix heures du soir, il ne faisait pas trop noir, la lune illuminait autour, nous avons vu alors une Torche qui descendait vers le canoë où nous étions. Comme nous avions vu que cette Torche allait vraiment descendre dans le canoë, qui était petit, nous nous jetâmes dans l’eau. Nous sommes restés pas très loin, à demi plongés, juste la tête dehors, que nous avons couvert avec des branches pour pouvoir voir ce qu’il y avait à l’intérieur de cette Torche, qui était un Appareil. Et nous avons vu. Deux personnes en sont descendues, sauf que elles n’étaient pas des grandes personnes, c´étaient des nains, des personnes toute petites, mais elles étaient toutes équipées, habillés comme ceux qui vont dans l’espace, c’était comme ça. C’étaient des petites personnes. Elles sont sorties de l’intérieur de l’Appareil, sont restés en train de chercher dans le canoë et, ne trouvant personne, après environ dix minutes ils rentrèrent et montèrent à nouveau. C’était une grande Torche, comme un ballon. Nous sommes partis tout de suite appeler les compagnons. Tout le monde avait peur ! Nous avons pris le petit canoë avec le filet de pêche et nous sommes partis !

Domingos et son frère Hélio sont mariés avec deux sœurs. Ces deux couples appartiennent à la nouvelle génération, se situant dans la vingtaine et la trentaine environ. Domingos eut l’expérience que nous venons de rapporter. Les deux sœurs elles aussi eurent un contact avec la Torche il y a huit ans et aussi récemment qu’en janvier 2016. Ces faits indiquent que les combinaisons génétiques de l’île João Donato sont toujours observées.

  1. Conclusion

La présence d’une situation psychologique qui caractérise le passage de l’état de nature à celui de la culture dans l’anthropologie freudienne, avec une réédition du père de la horde, générant une situation familiale conforme au modèle patriarcal de l’arrière-pays du Brésil, très atypique cependant par le degré de perversité et de violence auquel était soumise toute la famille Abreu, semble avoir été l’intérêt principal de l’intelligence en action dans l’île.

Les résultats de la recherche portent à croire que l’île João Donato fut un laboratoire d’étude anthropologique pour une ou plusieurs intelligences, que nous supposons extraterrestres. Que cette intelligence, peut-être renseignée par notre propre science, planifia ses activités dans l’île en tenant compte de l’entendement de l’humain sur soi-même. Que l’Appareil avait plutôt une fonction d’observateur que de collecteur de matériel biologique humain. Malgré la déclaration des témoins selon laquelle l’objectif de l’Appareil était de prélever du sang, jamais, pendant dix ans, quelqu’un ne fut atteint avec marques et séquelles, comme à Colares. Tout le Maranhão était infesté d’Appareils dans les années 1970. Silvino lui-même rentrait toujours racontant des histoires de personnes affectées par des objets technologiques, histoires confirmées par la recherche dans les journaux de l’époque. Les témoins de l’île auraient beaucoup de matière pour inventer des attaques, mais ils rapportent exactement l’expérience particulière vécue dans l’île João Donato.

L’établissement d’une convention significative, d’un point zéro du pacte symbolique, indique une reconnaissance du langage comme facteur qui nous rend humains, différentes des autres animaux.

La population de l’île était observée par l’Étoile, l’Appareil ou Torche. Sa proximité avec les témoins suggère que ces derniers auraient pu être l’objet d’abduction. Cependant, nous n’avons pas recueilli de récits sur ce sujet.

Les témoins attestent avoir vécu une double réalité : celle propre à leur vie d’humain, et le contact quotidien avec des réalités radicalement différentes et incompréhensibles, avec l’incursion d’objets technologiques et la modification des habitudes dans l’île. Les manifestations ufologiques marquèrent pour toujours la mémoire et la vie des témoins, la famille Abreu étant la plus affectée par les conséquences du phénomène OVNI. Après avoir discuté avec beaucoup de monde, nous avons eu la mesure de cette double réalité nocturne, de cette coexistence avec le surnaturel et l’inconnu. Nous avons remarqué que quelque chose comme une fracture nerveuse se révèle dans les récits, quarante ans après les évènements.

L’exacerbation du comportement du père pose beaucoup de questions par le raffinement et la permanence de la violence. Il ne serait pas abusif de supposer, suivant la littérature ufologique, que Silvino ait pu être affecté dans sa vie psychique par l’intérêt de l’Appareil, et que son comportement ait pu être attisé à des fins d’observation de l’anthropologie familiale.

L’intérêt de l’Appareil pour la nature de l’île devient clair aussi, et ses activités nocturnes n’admettaient pas d’interférence humaine. La terrifiante Chèvre Rauque faisait fuir les humains se déplaçant dans l’île. Une sorte d’engin technologique camouflé en palmier obligea les habitants à changer de chemin aux alentours de 2015, démontrant que l’intelligence était toujours là, mais que le gros du travail fut fait jusqu’à l’arrivée de l’électricité dans les années 80.

Il est intéressant de noter que l’île João Donato et toute la région de Colares partagent deux points communs avec les autres états du Nord :

  • Il y a une coïncidence de temps, les années 1970 pour l’île et les autres états, 1977-78 pour les évènements consignés par le gouvernement brésilien à Colares et sa région.

  • Coïncidence géographique : le Maranhão et le Pará sont des états voisins, dans un contexte de manifestations qui englobe tous les autres états du Nord du Brésil, ayant comme points forts le cas Barroso, dans le Ceará en 1976 et le cas de l’île dos Caranguejos, dans le Maranhão même, en avril 1977, pour ne citer que deux cas parmi les plus spectaculaires. L’Étoile, Appareil ou Torche était le seul objet qui se manifestait et se manifeste encore dans l’île, au contraire de Colares, où neuf types d’objets différents se sont exhibés, engagés dans toutes sortes d’activités incompréhensibles, dont l’attaque physique qui fut largement documentée par des rapports médicaux.

Pendant notre recherche dans l’île, nous nous sommes tout le temps posé la question de ce que nous faisions au milieu de la brousse en train de recueillir des témoignages et informations, sans jamais avoir été nous-même témoin d’un évènement ufologique. Et si rien de tout cela n’était vrai ? Rentrant à la maison à la tombée de la nuit, après une journée chargée, nous entendons notre cinégraphiste nous appeler de toute urgence dans le jardin. Nous descendons en courant avec d’autres personnes présentes. Arrivés au jardin, il nous montra l’Étoile ! Il nous raconta qu’il regardait le ciel quand il a vu une étoile grandir dans sa direction. Quand il nous appela, l’étoile revint à sa taille de départ. Nous avons observé alors une petite étoile, plus étoile que les autres, qui passa en décrivant des mouvements très rapides et erratiques, jusqu’à s’éteindre comme une lampe.

 Rio de Janeiro, le 13 mai 2020.