Charlotte Corday : l’héroïne cornélienne et la question du père – Elizabeth RUMI

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Charlotte Corday : l’héroïne cornélienne et la question du père – Elizabeth RUMI


Le héros et le sujet de l’inconscient


 

L’évocation du nom de Charlotte Corday renvoie aussitôt à l’image de cette jeune fille qui, pendant la Révolution française, tue Marat dans sa baignoire d’un coup de couteau. Nul n’ignore son destin tragique, la guillotine le lendemain même du passage à l’acte. Elle va avoir 24 ans. Aussitôt la légende s’empare d’elle. Elle eut des détracteurs, mais elle eut beaucoup d’admirateurs, et des plus illustres, comme Lamartine et André Chénier qui firent d’elle une véritable héroïne ; « l’ange de la paix » pour l’un, une « fille grande et sublime » pour l’autre.

 

 

Qui est-elle ?

 

Elle ne fut pas de toute évidence une simple criminelle. « Moi, un assassin !! » s’indigne-t-elle le jour de son procès. Son intention est patriotique : sauver la France, comme elle l’explique dans son testament politique Adresse aux français amis des lois et de la paix écrit la veille de l’attentat. C’est un crime pour la paix.

 

En dehors de nombreuses biographies, peu d’éléments nous viennent d’elle directement à l’exception d’un poème adressé à son frère aîné alors qu’elle est encore adolescente, de quelques lettres dont celles adressées à son père juste avant de mourir ainsi qu’un testament politique. Eléments auxquels il faut ajouter ses déclarations inscrites dans un rapport de police et les réponses faites lors de son interrogatoire devant le tribunal révolutionnaire.

 

On ne peut rentrer dans la logique inconsciente de Charlotte sans savoir qu’elle est aristocrate et l’arrière petite-fille de Corneille. Charlotte Corday est en réalité Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, aristocrate depuis le Xème siècle, plus noble que le roi comme se plaisait à le dire son grand-père paternel, mais elle nait dans une famille désargentée, situation que les lois de l’Ancien Régime ont aggravée en tant qu’elles défavorisaient les puînés en matière d’héritage. Une série de drames assombrissent son enfance, la disparition de sa sœur aînée alors qu’elle a six ans, puis la mort de sa mère en couches lorsqu’elle a 14 ans. Elle quitte alors la maison familiale accompagnée de sa plus jeune sœur pour l’Abbaye de la Sainte-Trinité à Caen où un enseignement de qualité lui est dispensé. C’est en 1791, à la suite de la promulgation d’un décret interdisant les vœux monastiques et supprimant les ordres religieux réguliers qu’elle[ retourne chez son père, un père toujours désargenté et aigri de n’avoir toujours rien obtenu de la justice pour faire reconnaître ses droits à héritage. Aussi, dès le mois de juin de la même année, elle part s’installer à Caen chez une tante éloignée. Elle est alors aux premières loges de la scène révolutionnaire. Si les pillages et les massacres l’ont déjà marquée alors qu’elle était encore à l’Abbaye, c’est sa rencontre avec les Girondins proscrits venus se réfugier à Caen en juin 1793 qui va être décisive à son engagement dans la Révolution. On peut en effet supposer que l’échec de ces derniers à lever une armée l’aurait alors incitée à tenter seule un coup contre Marat, celui-là même qu’ils dénonçaient comme le persécuteur. « Les hommes faisant si peu, écrira Michelet, elle entra dans cette pensée qu’il fallait la main d’une femme »[1]. Le 9 juillet suivant elle écrit une lettre d’adieu à son père, le 11 elle arrive à Paris, le 13, après avoir acheté un couteau qu’elle dissimule dans son corsage elle tue Marat. Aussitôt elle est arrêtée et jugée et meurt le 17 juillet sur l’échafaud.

 

 

En quoi est-t-elle une héroïne ?

 

Si les circonstances ne suffisent pas à faire d’une femme, une héroïne, il faut admettre que celle-ci se trouve souvent immergée dans un contexte bien particulier, favorisant l’émergence de ce que P.-L. Assoun désigne sous le terme de « style collectif du surmoi » qui autorise la « prise en compte de l’appartenance collective dans le travail inconscient »[2], et prédispose le sujet à accrocher à l’idéal « collectif » dont il va se faire « apôtre ». Rappelons que dans l’esprit des révolutionnaires, en 1792, la Révolution c’est le grand Commencement, l’An I. De plus, 1793 avec l’apparition de la Sans-culotterie consacre du côté des femmes, bien plus que de simples revendications sur des droits politiques mais des actions plus radicales comme énonce Madeleine Ribérioux : « surveiller et punir, exiger et agir, multiplier les signes de reconnaissance, investir en somme le politique par d’autres voies »[3].

 

Régis par les principes freudiens de la foule, corrélés à un jeu d’identification et d’idéal, les sujets obéissent plus à des règles inconscientes qu’à des enjeux toujours conscients et clairement définis. Pour l’historien Jean-Clément Martin, « pour la masse des gens ordinaires engagés dans ces luttes pour la vie et la mort, c’est plus leur économie libidinale que la raison qui les fait agir »[4]. La raison c’est l’antonyme de la passion. Charlotte Corday est-elle emportée par le fanatisme ou s’inscrit-elle dans une autre logique ? Elle agit seule mais est-elle pour autant mue par la raison ? En faisant de la Révolution sa passion, elle est prise dans la masse et soumise à la pulsionnalité. Dans une dernière lettre avant son exécution, elle éclaire son père sur ses motivations ; « je vous prie de m’oublier ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle »[5]. Pour autant restent entiers les enjeux inconscients qui ont pu conduire cette jeune fille à la réalisation du geste meurtrier. Au Président qui l’interroge, elle indique sa détermination en lui précisant « qu’elle n’est venue que pour tuer Marat »[6], s’investissant de cette mission en l’absence de tout commanditaire. Le jour même de l’audience elle précise : « c’est moi seule qui ait conçu le projet et qui l’ait exécuté »[7]. Quand sa main emportée par l’hubris s’empare de l’arme, c’est pour tuer. Son mobile : rendre la justice et faire ainsi la preuve de ce qu’elle est. Dans la dernière lettre adressée à son père, elle  justifie son acte en ces termes ; « j’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres »[8], assurée d’avoir réussi un coup politique en débarrassant la France d’un tyran et rétabli la paix.

 

Peu d’indications nous ont été livrées de sa structure inconsciente. A. Cabanes et L. Nass dans La névrose révolutionnaire[9] sont muets sur cette question, seule E. Roudinesco affiche sa conviction, affirmant que « son geste meurtrier relève du fanatisme politique mais en aucun cas d’une psychose, d’un délire ou d’un « dérangement mental »[10]. Retenons avec Freud que de manière générale « la névrose est caractérisée par le fait qu’elle donne à la réalité psychique, le pas sur la réalité de fait »[11]. De manière générale, l’héroïsme soutenu par un procès d’exaltation répondrait à une logique à la fois politique et personnelle. En mettant ainsi son « vouloir » au service de la cause politique, autrement dit l’idéal patriotique, quelle cause Charlotte Corday veut-elle servir inconsciemment ?  

 

 

Un père à défendre ?

 

La fille par essence idéalise et aime le père, elle n’aurait pas à le récuser. Est-ce pour attirer le regard du père que Charlotte Corday va vers le sacrifice ? L’acte de Charlotte est-il inconsciemment guidé par une volonté de réparation de l’imago paternelle, le désir qu’enfin justice soit faite ? Si elle s’indigne de la conduite de Louis XVI elle exprime aussitôt son horreur à la nouvelle de sa décapitation. La cause de son propre père rejoindrait-elle celle du roi-père de la Nation ? Charlotte a besoin, comme toute fille œdipienne, d’un père « qui tienne », selon l’expression de P.-L. Assoun, pour se construire comme femme. Nous savons que le père est un substitut et qu’elle attend tout de lui pour se dégager de l’emprise maternelle. Aussi, lorsque Charlotte Corday écrit : « à l’impossible nul n’est tenu »[12], n’est-ce pas une manière de dire que ce n’est pas l’impossible, c’est-à-dire la mère, qui désespère le plus, mais tout au contraire, le possible, qui n’a pas ou pu être atteint alors que c’est lui, le père, qui peut tout pour la fille ?

 

Charlotte Corday affirme son hostilité à toute solution par le mariage, la  Révolution lui offre-t-elle une porte de sortie ? Pour Freud la relation à l’homme met la femme « dans un état de sujétion, qui garantit sa possession permanente et tranquille »[13]. Pour autant en ne désirant pas rentrer dans le système de circulation et des échanges, inconsciemment est-ce le père qu’elle veut ?

 

Charlotte Corday a-t-elle eu le désir de tuer le père pour s’y identifier alors qu’il le lui faut au contraire vivant et bien réel ? Elle est comme ces filles qui, de structure sont vouées aux idéaux, « (…) sacrifiant héroïquement son désir pour la gloire du père »[14], comme le formule P.-L. Assoun. Affirme-t-elle le désir de redorer le blason familial ? Etant liée « incestueusement » au père, elle peut vouloir faire alliance avec lui et même vouloir mourir pour lui.

 

La fille de structure est aussi celle qui « acte » du fait de sa posture psychique. La politique apparaît comme le lieu idéal dans lequel pourrait s’incarner son vouloir-femme, en écho à l’interrogation freudienne : que veut la femme ?[15] Rappelons que d’après P.-L. Assoun la fille, pour devenir-femme, doit se sortir du lien préœdipien et de ce fait, être amenée à accomplir des actes. Ceci peut expliquer la pente de la femme au « tout ou rien ». La politique pourrait venir rejoindre dans l’inconscient une certaine exigence de réparation, sachant que l’idéal peut avoir comme fonction de « booster » le moi. Charlotte Corday fait le choix de l’exaltation plutôt que de rester sur le chemin de la dépréciation. Lorsque Freud énonce « qu’il serait tout à fait pensable que la scission de l’idéal du moi d’avec le moi ne soit pas, elle non plus, durablement supportée et qu’elle soit contrainte de s’effacer temporairement »[16], il nous permet de supposer que le moi a fusionné avec l’idéal du moi, ce dernier ayant perdu toutes ses propriétés au bénéfice de l’idéal du moi qui a pris toute la place. Chez Charlotte Corday la Révolution va lui permettre d’incarner l’image fantasmatique « narcissique » qu’elle a d’elle-même.

 

Ainsi nous devons nous interroger sur la nature véritable de ce père ; est-ce le père imaginaire qui la condamnerait en réalité au sacrifice d’elle-même ou le père symbolique plus « modestement » castrateur ?

 

Il y a vraisemblablement une image paternelle dégradée à restaurer. Charlotte Corday n’a que huit ans lorsque son père engage une série de procès contre ses beaux-frères toujours redevables de la dot de son épouse et, pour être au plus près des tribunaux, il emménage avec sa famille à Caen. Sa vie est marquée par les affaires judiciaires de son père qui n’en finissent pas. Ce père débouté de chacune de ses demandes rend la vie difficile à sa fille. Il va même jusqu’à publier en 1787 plusieurs mémoires relatifs à ces procès de famille[17]. Selon E. Albert -Clément, il incarne « le type de mécontent de la petite noblesse. Chargé de famille, peu fortuné, réduit à l’oisiveté parce que l’armée est la seule carrière ouverte à un noble (…) Il est aigri de se sentir inutile dans un ordre social périmé »[18]. Et « sa précarité entretient un sentiment d’échec et de déclassement qu’il n’arrive pas à surmonter »[19]. M. Zafiropoulos fait référence dans son livre Lacan et les sciences sociales, à un extrait de l’Histoire de la famille d’André Burguière dans lequel des études sur la criminalité dans le ressort du Parlement de Toulouse au XVIIIème siècle ont montré à quel point le système de l’héritier unique qui « au lieu d’instaurer l’harmonie et la stabilité dans la famille, faisait régner un climat de mésentente qui débouchait souvent sur la violence : mésentente et jalousie entre frères rivaux, ressentiment des cadets sacrifiés par un père injuste »[20]. Aussi le père de Charlotte Corday « souffrira toujours d’être sans fortune, sans revenus, et d’avoir été ainsi désavantagé par son père »[21]. De toute évidence c’est un père humilié à restaurer. Durant une bonne partie de son enfance, Charlotte a enduré les plaintes de son père à propos de ses procès perdus. Son secret espoir selon certains, est la fin des procès et son retour auprès de ses grands parents paternels. Nous pouvons d’ores et déjà dire que la relation au père va être déterminante de la solution que va choisir sa fille.

 

 

L’identification au père

 

Elle baigne dès son plus jeune âge dans la lecture des œuvres de Plutarque et de Corneille, ce qui l’installe dans un registre identificatoire et fantasmatique de héros et héroïnes du monde grec et romain à la vertu virile, au sens de virtu (vir, viril). C’est à travers l’hérédité cornélienne de la « vierge guerrière » qu’il faut rechercher  la trace de l’identification à la figure paternelle. Les idéaux ramènent aux valeurs symboliques du père mort. En épousant l’idéal républicain, principe masculin pour ses contemporains, et l’amour de la patrie, idéal politique et culturel, elle s’inscrit dans le signifiant paternel. Au-delà des héros cornéliens ayant peuplé son enfance, mais aussi incarnant chez elle, inconsciemment, le tragique de l’existence, nous pouvons dire qu’elle s’inscrit en droite ligne dans la logique du père pour autant qu’il incarne aussi l’idéal pour la fille.          

             

L’identification, selon Freud, est la finalité de l’idéalisation. Nous pouvons observer chez Charlotte Corday une tendance symptomatique à s’identifier au trait du père. Rappelons que Freud décrit le héros comme celui « qui veut remplacer le père, le premier idéal du moi »[22]. Pour la fille aussi, le héros c’est le père. Pour autant veut-elle remplacer le père ? L’héroïne est la fille qui entre dans les idéaux du père. Charlotte fera passer le signifiant dans la lettre. Ainsi les quelques écrits qui nous sont parvenus sont truffés d’expressions à la manière de Corneille : « à l’impossible nul n’est tenu », (lettre à son amie Armand loyer de mai 1792), « le crime fait la honte et non pas l’échafaud » (lettre à son père du16 juillet 1793). De même dans son texte titré par elle, L’adresse aux Français, déjà évoqué, elle confie : « Ô ma patrie ! Tes infortunes déchirent mon cœur ; je ne puis t’offrir que ma vie, et je rends grâce au ciel de la liberté que j’ai d’en disposer », poursuivant : « Que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang ; que je sois leur dernière victime, et que l’univers vengé déclare que j’ai bien mérité de l’humanité (…) »[23]. J.-D. Bredin souligne, que selon plusieurs auteurs, ce texte « avait repris quelques-uns des thèmes principaux qui avaient inspiré Corneille, et parfois ses propres mots »[24].   

 

En faisant justice par elle-même, en restaurant le nom du père, honore-t-elle une dette symbolique à l’égard de ce dernier ? Par son refus de s’inscrire en tant que vierge dans le système des échanges, elle garde le nom du père et tenterait par compensation de redonner du lustre au nom de la lignée.

 

Un autre passage de son Adresse aux français, atteste bien qu’elle agit au nom de la loi ; « Ô France ! Ton repos dépend de l’exécution des lois ; je n’y porte pas atteinte en tuant Marat : condamné par l’univers, il est hors-la loi »[25]. Elle agit au nom du père, sans savoir qu’en réalité, elle se place bien évidemment au-dessus de la loi. Rappelons que la communauté de femmes qu’elle rejoint à l’Abbaye, soumise à la règle de Saint-Benoît, est pendant un temps toute sa famille. Selon C. Decours, « la clôture était exacte et tous les usages de la règle respectés jusqu’au scrupule »[26]. Cette règle est sans doute venue s’ajouter et renforcer la règle intérieure liée aux figures parentales, mais « les très grandes qualités de l’abbesse de la Sainte-Trinité faisaient [certes] d’elle une femme admirable pour former des épouses à Jésus-Christ, (…) [mais] une mauvaise mère de substitution pour deux orphelines »[27]. Au moment où Charlotte Corday avait besoin d’un père, elle vivait avec une mère supérieure la frustrant de tout désir ? Quelle loi incarne-t-elle à ses yeux de Charlotte sinon celle d’une mère toute-jouissante ?

 

Dans l’épître adressée à son frère aîné depuis l’austère Abbaye, Charlotte l’exhorte : « mais le monde a son compte et Dieu n’a pas le sien (…) Offre lui tout ; ton temps, ton travail, ta parole ; hors de là, cher ami, crois que tout est frivole, fuis de mille beautés les appâts délicieux (…) Dieu, mon frère, Dieu est seul digne de nos cœurs (…) Veuille ce Dieu si doux, qui m’éclaire et m’inspire »[28]. La règle bénédictine semble être passée à l’intérieur d’elle-même. Est-elle sous la dictée d’une telle loi ? Ici, dans notre cas, nous pourrions avoir affaire à une forme de jouissance qui va s’exprimer sous forme de voix, intérieures, assurant au surmoi sa domination. Le surmoi c’est « la grosse voix »[29], dit Lacan. Les voix intérieures se traduisent par un état psychique dans lequel « les pensées peuvent se mettre à parler haut et fort, sous l’effet d’un renforcement pulsionnel »[30]. Alors le surmoi parvient à produire une fonction déliaisive. Généralement s’il assure, dans sa fonction de censure le retour du refoulé, empêchant le réel de faire retour, dans certaines conditions le réel peut ressurgir sous forme de pulsion de destruction.

           

Le mobile : sauver les frères

 

Pour autant ses intentions sont clairement énoncées devant le tribunal révolutionnaire : tuer le coupable pour sauver ses frères politiques, les Girondins. Charlotte Corday reconnait avoir levé son couteau sur Marat à l’annonce qu’il les ferait tous guillotiner. Qu’a-t-elle entendu à travers ces propos ? Inconsciemment qui sont-ils pour elles ?

 

Nous pouvons effectivement interpréter son geste comme celui qui va sauver « ses frères » de leur persécuteur. Entre la représentation inconsciente de ses frères d’armes et de ses propres frères, il n’y a qu’un pas. Comme le souligne P.-L. Assoun « il y a bien lieu de postuler que le frère fournit un de ces prototypes infantiles qui, rencontrés à l’origine, continuent d’orienter l’appréhension des relations du sujet, à la façon d’une récurrence historique »[31]. Les frères de Charlotte ont immigrés mais les Girondins eux, sont là, bien présents et martyrs, de quoi alimenter la « belle cause ». Tout vient nourrir peu à peu son dessein d’agir en héroïne de la Révolution. Devant le tribunal Révolutionnaire elle précise que son dessein a pris forme, « depuis l’affaire du 31 mai[32], jour de l’arrestation des députés du peuple »[33]. Leur position d’impuissance et de persécutés n’est-elle pas aussi à mettre en rapport avec celle de son père ?

 

Si elle échafaude toute une stratégie pour parvenir jusqu’à Marat, celui qu’elle a élu, c’est pour lui déclarer sa haine, sur un mode paranoïaque, lui planter un couteau dans le cœur, accomplissant en une cérémonie funèbre, des noces sanglantes sachant qu’haine et amour sont étroitement imbriquées comme le rend compte le néologisme lacanien d’«hainamoration»[34]. Lors de son interrogatoire, à la question posée par le Président sur l’existence de complices, elle répond « que c’est bien mal connaître le cœur humain, qu’il est plus facile d’exécuter un tel projet d’après sa propre haine que d’après celle des autres »[35]. Elle précisera dans sa lettre à Barbaroux[36] ; « je n’ai jamais haï qu’un seul être et j’ai fait voir avec quelle violence »[37]. Marat est néanmoins l’homme à abattre désigné par les frères. Pour Charlotte Corday, Marat est l’homme masqué, celui qui porte « un masque sur la figure »[38] comme elle le déclare au Président du tribunal, et qui va venir incarner dans le réel le retour d’une figure archaïque, il n’est qu’un « prête-nom », un tenant lieu, à la fois persécuté et persécuteur. Le féminin est préjudicié dans la logique freudienne[39] et c’est la mère qui ne lui a pas donné « l’organe », que la fille hait à un certain moment de son développement psychosexuel, qui va se déplacer ensuite sur l’homme. Charlotte va se mettre à projeter sur le monde ses « propres motions internes d’hostilité ». Ainsi a pu naitre chez elle l’idée qu’il est nécessaire d’en commettre un (crime) pour en sauver « cent mille »[40]. « C’est au nom de l’Un-recht, du « déni de justice » de l’Autre que le sujet fonde ses droits à l’acte

transgressif »[41].

Alors qu’elle est encore adolescente, la famille de Charlotte Corday est complètement éclatée, elle en souffre. Elle écrit alors dans le poème-épître dédié à son frère aîné : « Je t’ai revu mon frère, et dans mon Hermitage [c’est-à-dire l’Abbaye], je ne pouvais rien faire qui me plût davantage. Crois-moi tenons nous serrés jusqu’à la sépulture »[42]. Se tenir « serrés » renvoie à la position fœtale et au corps de chair de la mère, le corps du dedans, l’endroit dans lequel elle-même et tous ses frères ont été originairement domiciliés. Dans l’inconscient le corps de la mère et celui de la mère-patrie, peuvent se superposer. Se tenir « serrés jusqu’à la sépulture », c’est aussi ne plus se quitter jusqu’à la mort.

 

 

Le service de l’Autre

 

Lors de son interrogatoire Charlotte Corday affirme avoir eu l’intention de porter le coup de couteau, à l’endroit même où il l’a précisément atteint, autrement dit pour tuer. Mais si la décision de tuer Marat semble s’être « emparée » d’elle, il n’est pas sûr qu’elle ait été certaine de la réaliser. En possession d’un passeport, de son « extrait baptistaire exigé des britanniques » et d’une forte somme d’argent, elle a pu vouloir se rendre, comme elle l’avait écrit à son père en Angleterre. J.-D. Bredin explique comment les choses se sont progressivement dessinées alors qu’elles auraient pu tout aussi bien prendre un autre cours.

 

« Cette indifférence aux circonstances qui viendront, cette improvisation du meurtre ont parfois étonné les historiens »[43] affirme t-il. Lorsqu’elle arrive à Paris, « elle ignore où elle pourra rencontrer Marat. C’est à Paris, peut-être à l’hôtel de la Providence qu’elle apprendra que Marat, trop malade pour se rendre à la Convention, vivait enfermé chez lui. C’est d’un cocher qu’elle apprendra l’adresse de l’ami du peuple (…) Ce n’est que le 13 juillet, le matin du meurtre qu’elle se rendra au Palais-Royal, devenu Palais Egalité, pour acheter un couteau (…) Trois fois elle se rendra chez Marat, et elle aura sans doute cette chance imprévisible que, la troisième fois Marat entendra le tapage des conversations, qu’on la laissera entrer dans la salle de bains, qu’il choisira de rester seul avec elle »[44]. S’il est probable qu’elle n’ait vraiment rien prévu de précis, tout était néanmoins prêt pour passer à l’action. Elle avait l’arme sur elle, dès la première fois où elle s’est rendue chez Marat. Ensuite, l’occasion s’est offerte. Cependant il y eut un facteur déclenchant, qui au-delà des paroles échangées, a saisi Charlotte et l’a mis tout à coup hors d’elle. Elle avoue au Président du tribunal qu’à la suite de l’énumération faite à Marat des députés Girondins, Marat lui aurait répondu « qu’il les ferait bientôt tous guillotiner »[45],  ajoutant « que ce fut le dernier mot, qu’à l’instant elle le tua »[46]. Autrement dit, elle tue Marat après l’avoir fait passer aux aveux. Marat lui a dit précisément ce qu’elle était venu entendre ; ses projets sanguinaires faisant la preuve de sa culpabilité. Elle vient tuer un coupable, elle l’a à sa merci. L’acte est soudain, immédiat et direct.

 

Nous pouvons lire en arrière plan comme un savoir inconscient la plaçant dans un rapport très particulier à l’Autre, comme si proche d’elle, il lui accorde de sa puissance. Comme la mystique, elle semble avoir fait jouir directement l’Autre. La précision de l’acte est étonnante et questionne. Charlotte Corday se passionne pour la fabrication et le commerce de dentelles et n’est absolument pas promise à des actions viriles et à des actes barbares. Or, de façon miraculeuse, son couteau s’est enfoncé à l’endroit mortel, sans aucun savoir scientifique. Devant le tribunal, au Président qui lui pose la question de savoir si elle ne s’est point « essayée d’avance avant de porter le coup à Marat », elle répond ; « Oh, le monstre, il me prend pour un assassin!»[47]. C’est tellement incroyable pour le Président du tribunal qu’il poursuit : « il est cependant prouvé par le rapport des gens de l’art, que, si vous eussiez porté le coup en long au lieu de le porter en large, vous ne l’eussiez point tué »[48]. Elle réplique alors, « j’ai frappé comme cela s’est trouvé. C’est un hasard »[49]. Charlotte est certaine de ne pas être un assassin. Est-ce la main de l’Autre en elle qui aurait agi, l’assurant de la victoire ?

 

Comment ne pas reconnaître une certaine esthétique dans le geste de Charlotte Corday, à ce moment précis, comme si elle avait eu une connaissance intuitive du bon mouvement pour atteindre l’endroit fatal ? R. Trintzius précise : « On ne peut même pas dire qu’elle a pris sa décision. Cette décision s’est emparée d’elle, de son corps, de son âme »[50], transformé en une sorte de « bras armé » de l’Autre. 

       

De plus, l’acte correspond à une mise en scène précise, une parodie et des rôles fixés à l’avance. Comme Judith, dans ce jeu trouble où se mêlent ruse, séduction, et aussi stratégie politique, elle s’est préparée pour se rendre chez Marat comme à une cérémonie, sans rien qui puisse en faire percevoir le caractère funèbre. Elle fait venir un garçon perruquier « qui lui boucle la tête au petit fer, et achève son travail avec un trait de poudre et de la pommade au jasmin »[51]. Elle est vêtue « d’un déshabillé moucheté » avec « sur son décolleté un fichu rose »[52]. Elle est coiffée « de son chapeau haut de forme, orné d’une cocarde noire et de ses rubans verts »[53], et, contraste très symbolique évoquant la bisexualité, et plus, la mascarade, elle place un couteau dans son corsage et prend à la main un éventail, comme si une féminité trop affichée servait des dessins phalliques.

 

Le sacrifice

 

Telle la mante religieuse, Charlotte Corday tue pour mourir. C’est pourquoi il faut interroger son geste à travers une logique sacrificielle. Elle  savait, en effet, qu’aussitôt le crime commis la mort l’attendait, même si, en possession d’un passeport, elle a peut-être imaginé pouvoir prendre la fuite à l’aide du fiacre qui l’attendait devant le domicile de Marat. Mais peut-être a-t-elle pu également penser que l’acte, aussi prémédité qu’il puisse être, ne pourrait être accompli. Dans son testament politique tout à la gloire de la patrie, elle remercie le ciel d’avoir eu la liberté de disposer de son « existence ». Sous le désir d’héroïsme perce toujours la tentation de donner sa vie. Ce « un pour les autres »[54] , et « pour en sauver cent mille »[55] selon Charlotte Corday est bien le propre du sacrifice mais aussi de l’héroïsme. A. Dufourmantelle pose la question : « la femme sacrificielle est-elle une femme héroïque ou d’abord une victime ? »[56].

 

Charlotte Corday se prévaut d’être une femme « inutile, dont la plus longue vie ne serait bonne à rien » et « femme sans conséquence »[57]. Donc, elle peut se sacrifier pour le père et pour les frères. Dans la seconde lettre écrite à son amie Armande Loyer, celle de mai 1792, elle raconte les massacres perpétrés en novembre 1791 en représailles à la conduite d’un prêtre réfractaire suspecté d’avoir célébré l’office de Pâques et précise à propos d’un éventuel départ pour Rouen, « j’aurais été charmée à tous égards que nous eussions pris domicile dans votre pays, d’autant qu’on nous menace d’une prochaine insurrection »[58]. Elle ajoute alors : « on ne meurt qu’une fois, et ce qui me rassure contre les horreurs de notre situation, c’est que personne ne perdra en me perdant »[59]. Ne servant à rien, elle peut servir une cause. Et le rien, c’est déjà la mort.

 

Lorsque Charlotte Corday précise que Marat ne vaut pas une armée, aussi vaillante soit-elle, qui aurait coûté beaucoup de vies, car « il ne méritait pas tant d’honneur », ajoutant aussitôt, « suffisait la main d’une femme »[60]. Elle semble signifier plus ou moins consciemment la moindre valeur de Marat, donc une cible à sa portée. Pour autant si elle se donne comme rien, elle veut aussi la gloire, c’est la condition de martyre.

 

Ainsi, ne cédant rien sur sa vocation morbide, on peut dire qu’elle est « une héroïne de l’absolu » en s’identifiant de manière triomphale, quasi maniaque, au phallus maternel et se livrant « à la mort comme prix du sacrifice à la jouissance de l’objet perdu »[61]. Elle croit se placer du côté de la loi, de la justice, en réalité elle se place comme Antigone du côté de la loi des dieux et non celle des hommes. Son sacrifice prouve qu’elle s’enfonce en réalité dans la jouissance. Elle précise dans sa lettre à Barbaroux à propos du sacrifice de soi, qu’« il n’est point de dévouement dont on ne retire plus de jouissance »[62]. Les héroïnes assument leur destin jusqu’à la mort, tant il est lié à des convictions politiques ou religieuses sur fond d’idéal. Charlotte Corday fait partie de ces sujets prêts à tout perdre y compris la vie pour ne pas perdre ce qui essentiel à ses yeux, l’idéal. Lorsque le corps ne s’appartient plus et appartient à l’idéal, il s’agit d‘un corps fanatisé, donc d’un corps sacrifié et en conséquence investi de la pulsion de mort. La jouissance fonctionne avec l’idéal. Un déficit d’intégration de son héritage familial, peut sans doute être relevé chez elle, mettant à mal les bases de son autonomie de sujet désirant. En conséquence elle va rester collée, au sens d’une identification « adhésive », à l’idéal. Elle va se construire une armature, un étayage sur l’idéologie, l’idéal de son environnement socioculturel, mais trop faire « mousser » l’idéal peut déboucher sur le crime.

 

La représentation de la vierge renvoie à celle d’un corps entier, d’une puissance. La gloire vers laquelle Charlotte Corday court, semble refléter chez elle un sentiment de grandeur venant y prendre sa source précisément. Ce n’est pas vers l’investissement d’objet qu’elle se tourne, elle reste investie par l’énergie des pulsions du moi. Sans pour autant avoir détourné son intérêt sexuel des êtres humains, elle peut l’avoir sublimé sous forme d’un intérêt tourné vers l’idéal politique. « Vous me jugez sans me connaître, mais bientôt vous saurez qui je suis »[63], aurait-elle rétorqué à Pétion, un des Girondins proscrits débarqué à Caen, qui lui adresse des « compliments moqueurs », alors qu’elle le croise peu avant son départ pour Paris. Le crime apparait chez elle comme la seule issue. Vierge, elle reste la fille du père, échappant à l’effet de la castration, elle reste entière, est-ce cela une héroïne? La relation de la fille au père, avec son contenu  « incestuel », peut placer la fille dans la position d’héroïne. « Incarner l’éternelle femme inconsciente du père inconscient »[64], tel aurait pu être le vœu de Charlotte Corday, sachant que la position de vierge signe la tentative d’un rapprochement inconscient avec le père. Selon P.-L. Assoun, il y a deux pères pour la fille, le père idéal, qui reste de l’ordre de l’imaginaire, et le père, objet d’amour. Le premier est le père tout puissant, autrement dit de la toute-jouissance, il incarne l’impératif catégorique. C’est le père de la jouissance collé à la mère, il vient à la place de « l’une », la mère aimée avant lui.

 

Alors, qui Charlotte Corday a-t-elle tué à travers Marat? Une figure du chaos c’est certain. Est-ce le père jouisseur en espérant restaurer le père symbolique ? Pour elle, le meurtre de Marat est un crime pour la paix et le lien social, et non en faveur du chaos. Pour autant qu’elle soit influencée par une famille, et une éducation, marquées par le respect de la monarchie, elle avoue être républicaine avant la Révolution. En ce sens elle sait que la violence va contre le politique, qu’elle le dessert. Car se dire républicaine, c’est aussi rejeter l’Ancien régime et tous ses excès ; « les supplices, les exécutions spectaculaires, les cachots et les géhennes, le secret des jugements et la morgue des puissants »[65]. Aussi, dans son geste, on peut voir l’identification au père dans ses combats personnels, le père préjudicié par les lois de l’Ancien régime qui avantagent les aînés au détriment des puînés. Au fond, elle est comme son père, légaliste, et elle est convaincue qu’il faut un crime pour que le lien social puisse se reconstituer. Nous savons comme dit M. Zafiropoulos que « la fondation du troupeau des fils se loge dans le crime »[66], et que la culture nait d’un crime. Charlotte s’est trompée de cible en tuant Marat mais elle a cru son acte fondateur. A la Constitution démocratique de l’an I, va en effet succéder la « dictature de la vertu », expression de Robespierre, précédant la Terreur mise, elle, à l’ordre du jour, le 5 septembre 1793.

 

Face à des frères politiques inactifs et fuyards, à ses propres frères qui ont émigré, elle va décider de délivrer toute seule la patrie. En réalité, sous couvert de sauver les frères, c’est elle qui agit, une identification aux frères a pu venir se greffer sur d’anciennes motions hostiles. Freud précise dans « Psychologie collective et analyse du moi », que « (…) les sentiments sociaux naissent chez l’individu comme une superstructure, qui s’élève par-dessus les motions de rivalité jalouse à l’égard des frères et sœurs. L’hostilité ne pouvant être satisfaite, il se produit une identification avec celui qui était d’abord le rival »[67]. Ainsi, alors que pour Freud les filles ne participent pas au meurtre originaire, Charlotte Corday est celle qui s’approprie l’acte, dans une sorte d’autopromotion signant le fait qu’elle n’a pas besoin des frères, son enthousiasme lui suffit. Pas besoin d’une armée, dit-elle « une seule femme suffit », ajoutant « j’ai de l’énergie » dans la réponse qu’elle fait au Président qui l’interroge. L’héroïsation au féminin peut-elle être ici lue comme « une victoire sur les frères »[68] ?

 

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[1] J. Michelet, Charlotte Corday in Les femmes de la Révolution de Michelet,  présenté et commenté par F. Giroud, p. 220

[2] P.-L. Assoun,  Préjudice et idéal, Pour une clinique sociale du trauma, p. 163

[3] M. Ribérioux,  Préface in Cahiers de doléances des femmes 1789, p. XI

[4] J.-C. Martin, Violence et révolution,  p. 176

[5] Charlotte Corday, Lettre du 16 juillet 1793 in Actes du Tribunal révolutionnaire, p. 63

[6] Procès-verbal d’interrogatoire in J.-D. Bredin, « On ne meurt qu’une fois » Charlotte Corday, p. 177

[7] Actes du Tribunal révolutionnaire, Le procès de Charlotte Corday, op. cit., p.58

[8] Charlotte Corday, Lettre du 16 juillet 1793, op.cit., p. 63

[9] Docteurs Cabanès et L. Nass, La névrose révolutionnaire

[10] E. Roudinesco, Théroigne de Méricourt, p. 251

[11] S. Freud, Totem et Tabou in La vie sexuelle, p. 238

[12] Lettre à son amie Armande Loyer de mai 1792 in J.-D. Bredin, op. cit., p.74

 

[13] S. Freud, Le tabou de la virginité in La vie sexuelle, p. 66

[14] P.-L. Assoun, Puissance et nocivité des idéaux in Les idéaux et leur pouvoir, EPCI, Journée d’Etudes du samedi 4 octobre 2008, p. 23

[15] P.-L. Assoun, Freud et la femme, p. 51

[16] S. Freud, Psychologie des foules et analyse du moi, in Essais de psychanalyse, p. 224

[17] J.-D. Bredin, op. cit., p. 13 note bas de page

[18] E. Albert-Clément, La vraie figure de Charlotte Corday, p. 90

[19] G. Mazeau, Charlotte Corday en 30 questions, Geste éditions, 2006, p. 23

[20] M. Zafiropoulos, Lacan et les sciences sociales,  p. 183

[21] J.-D. Bredin, op. cit., p. 9

[22] S. Freud, Psychologie des foules in Essais de psychanalyse, op. cit., p. 231/32

[23] C. Corday, Adresse aux Français, texte intégralement reproduit in J.-D. Bredin, op. cit., p. 142

[24] Idem., p. 284

[25] Idem, p. 141

[26] C. Decours, Mémoires de Charlotte Corday, p. 73

[27] Ibidem,

[28] Charlotte Corday, Epître en vers  adressée à son frère, in J.-D. Bredin, op.cit., p. 20

[29] J. Lacan, Remarques sur le rapport de Daniel Lagache in Ecrits, p. 684

[30] P.-L. Assoun, Le regard et la voix, op. cit., p. 134

[31] P.-L. Assoun, Frères et sœurs T 1, p. 75

[32] Le 31 mai 1793, est une journée insurrectionnelle préparant celle du 2 juin. Après avoir sonné le tocsin, les pétitionnaires des sections et de la Commune se présentent vers 17 heures à la barre de l’Assemblée, pour réclamer l’exclusion des chefs de la Gironde. Le 2 juin, 29 députés girondins sont décrétés d’arrestation à leur domicile.

[33] Charlotte Corday, Lettre à Barbaroux, in Actes du Tribunal révolutionnaire, le procès de Charlotte Corday, p. 57

[34] J. Lacan, Le séminaire Livre XX Encore, p. 116

[35] Procès-verbal d’interrogatoire, in J.-D. Bredin, op. cit., p. 191

[36] Député girondin des Bouches du Rhône à la Convention

[37] Lettre à Barbaroux in Actes du Tribunal révolutionnaire, op., cit., p. 60

[38] Procès-verbal d’interrogatoire, in J.-D. Bredin, op. cit., p. 178

[39] S. Freud, La morale sexuelle « civilisée » et la maladie nerveuse des temps modernes (1908)

[40] Actes du Tribunal révolutionnaire, op. cit., p. 57

[41] P.-L. Assoun, Préjudice et idéal, op. cit., p. 13

[42] C. Corday, Epître en vers adressée à son frère, in J.-D. Bredin, op. cit., p. 19

[43] J.-D. Bredin, op. cit., p. 298

[44] Idem, p. 299

[45] Procès-verbal d’interrogatoire in J.-D. Bredin, op.cit., p. 181

[46] Idem, p.182

[47] Actes du Tribunal révolutionnaire Le procès de Charlotte Corday, p. 57

[48] Ibidem,

[49] Ibidem,

[50] R. Trintzius, Charlotte Corday 1768-1793, Paris, Hachette, 1941, p. 142

[51] J. –D. Bredin, op. cit., p. 148

[52] Ibidem,

[53] Ibidem,

[54] A. Dufourmantelle, La femme et le sacrifice, p. 46

[55] Actes du Tribunal révolutionnaire, Le procès de Charlotte Corday, op.cit., p. 57

[56] Idem, p. 49

[57] Lettre à Barbaroux in J.-D. Bredin p. 170 et s.

[58] Lettre à Armande Loyer in J.-D. Bredin, op. cit. p. 74

[59] Ibidem,

[60] Lettre à Barbaroux, in J.-D. Bredin, op.cit., p. 172

[61] P.-L. Assoun, Frères et Sœurs T 1, op. cit., p. 52

[62] Lettre à Barbaroux, op. cit., idem

[63] J.-D. Bredin, op. cit., p. 129

[64] M. Zafiropoulos,  La question féminine de Freud à Lacan, p. 94

[65] J.-C. Martin, Violence et Révolution, op. cit., p. 15

[66] M. Zafiropoulos, L’œil désespéré par le regard, p. 24

[67] S. Freud, Psychologie des foules et analyse du moi, op. cit., p. 278

[68] P.-L. Assoun, Frères sœurs Leçons de psychanalyse T 2, op. cit., p. 64